Il était une fois une reine, dans un royaume du bord de mer, qui se rendait
chaque jour sur les rochers, près de l’océan. On l’appela la reine Océane car
elle n’avait pas de nom.
Une femme l’avait recueillie un soir de tempête
après que son bateau eut démâté et se soit brisé sur les récifs. Elle portait
une robe de princesse, avait un diadème en argent dans les cheveux et avait les
doigts si fins que l’on pouvait en déduire qu’elle vivait dans l’oisiveté.
On attendit qu’elle soit prête à parler mais rien ne
vint.
Dans la grande salle du château, il y avait un piano
et cette vue sembla la ravir. Elle s’installa sur le tabouret et joua valses,
nocturnes et menuets charmants.
Elle demanda que des étoffes claires revêtent les
murs sombres du château, fit venir de jolis meubles blancs décorés d’oiseaux du
royaume voisin et proposa que l’on donne un grand bal afin de faire
connaissance avec les jeunes gens des environs.
Ainsi fut fait. La reine Océane demande que l’on
fabrique des carnets de bal pour en munir chaque danseuse invitée. Le maître
des lieux était âgé et veuf. C’est pourquoi il trouva agréables tous ces
préparatifs qui lui rappelaient sa jeunesse.
Lorsque tout fut prêt, on lança des invitations et l’on
attendit.
Aux cuisines on s’était affairé : un buffet
géant et gourmand était organisé. Les invités furent enchantés par ce coup de
jeune donné au château et aux plaisirs annoncés. La reine prit place au piano
et il se trouva de jeunes gens éduqués pour tourner les pages des partitions.
Une composition de Darius Cittanova emporta un vif
succès puis vinrent les valses.
Le seigneur des lieux dépêcha le professeur de piano
de son épouse décédée et lui enjoignit de libérer la reine pour qu’elle puisse
à son tour, bénéficier de la compagnie
des beaux jeunes gens qui se pressaient galamment sur le parquet de la salle de
bal.
Océane obtint un vif succès mais elle ne distingua
aucun de ses cavaliers. Ensuite tout le monde se pressa au buffet et tous y firent
honneur.
Lorsque chacun se fut retiré, il resta un étrange
personnage. Il portait un masque et n’avait participé à aucune réjouissance.
Le seigneur des lieux vint lui signifier son congé
en lui faisant remarquer que l’heure était tardive mais ce personnage
inquiétant ôta son masque pour révéler à tous son identité : il s’agissait
de la mort.
Prends-moi, dit le seigneur, j’ai l’âge d’affronter
le royaume des morts mais le valet de l’Ankou, ainsi le nomme-t-on en Bretagne,
fit un geste vers la reine Océane.
Tu n’en feras rien, dit alors un jeune homme, le
plus beau car tu devras m’affronter.
Il était resté, dissimulé derrière une tenture pour
avoir un tête à tête avec sa reine.
Le valet tourna les talons en faisant cliqueter sa
faulx.
Alors la reine Océane sut alors qu’il ne serait
plus nécessaire, pour elle, de chercher son passé dans les vagues puisqu’elles
lui avaient apporté un grand amour, un homme capable de défier la mort pour
elle.
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