Le promeneur de l'aube

 

Il va par les chemins rocailleux à la recherche de fleurs en robe de bal. C'est pour son aimée qu'il se donne cette peine. Les fleurs sont son unique raison de vivre et il les souhaite miraculeuses pour qu'elle retrouve sa vigueur.

Ses mains se crispent sur les roches.

Il dispute aux fées les plus belles parures et emplit un panier de cette récolte odorante. Le jasmin, l'églantine et l'iris sauvage embaument l'osier qu'il a tressé dans les roseaux de la rivière qui s'écoule en mince filet d'argent.

Au retour, il fait une halte chez la meilleure pâtissière du village et choisit une parure pour l'aimée au commerçant ambulant qui arpente les rues.

Il compose ensuite un poème puis il se livre à une toilette minutieuse.

Vêtu avec élégance, il sonne à la grille de l'aimée et quelques heures plus tard, il déguste le thé à la menthe à petites gorgées.

Des pétales de roses ont embaumé le lit de la bien aimée et ses doigts agiles ont dénoué les rubans de sa toilette vaporeuse.

Leur union s'est faite à la manière des fleurs qui se cherchent et se nouent aux lianes et aux branches de châtaignier dans les bois enchantés.

"Faisons un rêve de fleur" murmure le promeneur de l'aube et ses mains noueuses ont caressé l'aimée jusqu'à ce qu'elle retrouve une deuxième jeunesse.

Unis étroitement, ils s'endorment apaisés et sous leurs paupières closes, des cavales blondes galopent dans la garrigue.