Dorian de Brocéliande
Lorsque le comte Louis de Barenton rendit son âme à Dieu,
son fils aîné Dorian prit la suite de son duché et songea instantanément à
réunir les chevaliers bretons pour qu’une belle unité les préserve de toute
invasion possible ou de toute révolte inopinée qui mettrait l’ordre établi en
question.
Il se recueillait souvent dans l’église de Tréhorenteuc car
son père lui avait confié un soir l’extraordinaire révélation qu’il avait eue
en comparant la figure centrale d’un vitrail avec la silhouette et le visage de
sa mère, la belle Gwendoline, retirée dans son village natal avec son dernier
enfant, la petite Cordélia qu’elle voulait soustraire au poids du chagrin
éprouvé par toute la maisonnée du Pas du Houx, jadis son refuge.
Un jour, au retour de l’une de ses méditations, Dorian vit
apparaître, au détour du chemin, l’extraordinaire cerf blanc, suivi par une
biche et son faon.
Cet animal fabuleux semblait l’attendre car il s’éloigna à
petites foulées, se retournant parfois pour s’assurer que le jeune chevalier le
suivait bien.
Dorian aperçut une jolie clairière et il distingua nettement
une jolie maison de briques roses qui s’illumina spontanément à son approche.
Le cerf, la biche et le faon ayant disparu, Dorian pensa qu’il était au terme
du voyage.
Après avoir activé le heurtoir il s’entendit dire par une
voix féminine mélodieuse qu’il pouvait entrer.
L’apparition, car c’en était une, par son incomparable
beauté et la splendeur de son sourire, lui offrit un siège orné d’une
tapisserie qui lui rappela les travaux de sa mère, brodeuse hors pair.
Il s’y lova avec bonheur et une collation de crêpes, de
confiture et un pichet de cidre apparurent sur un guéridon, pour son plus grand bonheur.
Il but à longues gorgées ce cidre artisanal qui le
rafraîchit instantanément.
Les crêpes lui semblèrent délicieuses, fines et légères à
souhait.
Lorsqu’il voulut remercier son aimable hôtesse, il se
retrouva sur le chemin qui le conduisait au Pas du Houx.
La maison et cette femme radieuse avaient disparu, le
laissant songeur et enamouré.
Par la suite, il refit mille et une fois le trajet qui l’avait
conduit sur la route du rêve, sans succès.
Plus de cerf blanc ni de biche, encore moins de faon !
Il demanda à un peintre de réaliser un tableau conforme à sa
vision : la maison fut si proche de la réalité qu’on ne douta pas de la
trouver en optimisant des recherches approfondies.
Quant au tableau représentant la jeune beauté, il fut si
beau, de retouches en retouches, que le pinceau échappa aux mains du jeune
artiste :
« si une telle beauté existe sur terre, je veux bien
croire à toutes les divinités du monde celtique » dit Virgile, le jeune
artiste peintre qui sombra ensuite dans une langueur proche de l’extase.
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