Renaissance
Il flottait un air de fête dans le domaine du Pas du Houx et
chacun propageait, à sa manière, la fabuleuse rencontre de Clélia et de Dorian,
le seigneur du château.
On en fit une légende qui s’étoffa au fil des conteurs, s’agrémentant
de détails toujours nouveaux destinés à embellir cette histoire déjà fabuleuse.
Gwendoline s’empressa de broder une belle nappe de mariage.
Fleurs, oiseaux, paysages bretons illustrèrent ce véritable livre d’images
animé.
Les fiançailles furent célébrées au son des binious et de la
cornemuse et les danses furent particulièrement suivies.
On dansa avec cœur puis chacun rentra dans ses foyers,
heureux d’avoir participé à un bel événement festif.
Fleur et Lilian, les frères de Dorian contèrent fleurette à
plus d’une belle croisée au bal mais aucune n’eut vraiment leur faveur car ils
souhaitaient ne pas être en reste avec leur aîné et désiraient follement
connaître une histoire d’amour qui les propulserait dans le monde légendaire.
On arrêta une date pour le mariage.
Gwendoline promit d’y participer et elle prépara activement
une jolie toilette de noces pour elle et sa fille Cordélia. Même la poupée eut
droit à une tenue festive.
Le jour tant attendu vint.
La célébration du mariage se fit à l’église de Tréhorenteuc,
ce qui provoqua une vive émotion pour la mère du marié qui se revoyait,
pimpante dans sa jolie robe de mariée, au bras du comte Louis, l’amour de sa
vie.
Elle versa quelques larmes en toute discrétion puis elle se
reprit car elle se devait à sa fille et à son avenir.
Je suis tout pour elle, se dit-elle et il me faut être digne
de sa confiance. Puissè-je un jour assister à ses noces !
Quant à Fleur et Lilian, ils étaient heureux de revoir leur
mère qui leur avait beaucoup manqué.
Nous sommes de jeunes hommes, certes, dirent-ils en aparté à
leur mère chérie mais nous aurons besoin de vous, notamment pour nous dire si
le choix d’une épouse désignée est le bon, c’est pourquoi nous souhaitons que
vous reveniez au château, dès que Dorian en aura terminé avec l’édification de
son château personnel.
Nous serons les nouveaux seigneurs du Pas du Houx car
Dorian, à présent représente Brocéliande et il ne s’appartient plus.
Les mariés étaient grandioses. Dorian portait un gilet brodé
par sa mère et les notes colorées jetaient une lumière qui contribuait à le
transfigurer.
Clélia avait une robe absolument féerique : c’est le
mot qui convient car c’était le présent de sa marraine, la fée, celle-là même
qui avait contribué à la rencontre des amants, devenus légendaires.
Le repas, à la fois simple et fastueux, glorifiant les
produits du terroir, fut au goût de tous.
Le menu consistait à mettre en valeur les productions
locales : on vit ainsi défiler les langoustines du Guilvinec, les jambons
rôtis à la ferme accompagnés par des légumes de saison et des champignons, des
fromages de chèvre et enfin le fameux Kouign Aman, ou gâteau de beurre, le
gâteau breton fourré aux pruneaux et les fraises de Plougastel qui firent les
délices de chacun.
On dansa à nouveau et cette fois Fleur et Lilian firent une
rencontre qui leur parut prometteuse d’avenir.
Les mariés s’éclipsèrent pour célébrer leur union et l’on
vit flotter dans les jardins des bouquets d’amour que toutes les jeunes filles
en âge d’être mariées s’ingénièrent à capter, pour être sûres de na pas être
oubliées par les fées.
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