La princesse Camélia
Après avoir sellé son cheval Foudre, la princesse Camélia
prit la direction de l’océan car on lui avait signalé la présence d’un voilier
au large de la côte.
Escortée par des hommes et des suivantes dévouées à sa
cause, elle arriva au bord d’une crique où était amarré un magnifique vaisseau.
Elle se retira dans une maison des bords de l’eau qu’elle
avait fait construire pour surveiller les abords de son royaume et se contenta
d’examiner les mouvements qui pouvaient
se produire à bord du voilier.
Un jeune homme mélancolique apparaissait toutes les heures
et muni d’un ukulélé, il chantait des romances émouvantes et mélodieuses.
Les sirènes bondissaient pour l’encourager dans ses déclarations
mélodieuses.
La princesse Camélia se joignit aux sirènes dans un
magnifique costume de bain, bleu lagon décoré d’oiseaux et de fleurs.
Elle adressa une invitation au prince en chantant un couplet
de sa composition :
« Toi qui chantes l’amour avec tant de conviction et d’émotion,
je t’invites à venir en mon palais et nous deviserons par couplets alternés si
tu le souhaites pour que ce dieu magnifique et insaisissable vienne nous voir
et nous offrir ses services.
Nous jouerons à des
jeux innocents dans les jardins et nous interpellerons la déesse Aphrodite pour
qu’elle nous aide à choisir l’âme-sœur qui nous accompagnera toute la vie »
Le prince fut charmé par cette invitation et y répondit
favorablement avec beaucoup de ferveur.
Ils convinrent d’un jour et d’une heure et la princesse s’en
retourna en son palais pour préparer l’entrevue.
Tout fut mis en œuvre sur le plan matériel pour que tout
soit aussi parfait que possible et des invitations furent envoyées aux
alentours pour que de jolis jeunes gens et des demoiselles aussi belles que
talentueuses participent à l’événement festif.
Le grand jour arriva. La princesse reçut tous les
participants et s’entendit prononcer leurs titres et leurs noms.
Le prince mélancolique venait d’un royaume du Nord. Il se
prénommait Yvan et avait reçu une solide éducation littéraire et artistique.
Il savait également dessiner et peindre et il proposa à la
princesse de faire l’esquisse de son portrait.
Ravie de cette proposition, la princesse déclara en accepter
le principe et lors d’une valse un rendez-vous fut pris pour que se tienne la
première séance de pose.
Le lendemain, le prince arriva au palais avec son attirail
de peintre et il se mit immédiatement au travail, la princesse ayant revêtu, à
sa demande, une tenue printanière, tout à fait charmante.
Ils se tenaient dans un patio inondé de soleil et ce détail
n’échappa pas au prince qui notifia ce détail avec des couleurs chatoyantes.
Il peignit jusqu’à ce que le pinceau lui échappe des mains
et reprit le chemin de la crique où son bateau était amarré.
La princesse lui avait proposé l’hospitalité mais le prince
Yvan déclara qu’il avait besoin d’entendre le clapotis des vagues pour dormir.
Les séances durèrent peu, le prince dessinant et peignant
comme si sa vie était en jeu et lorsque le tableau fut terminé, chacun ne put
retenir un cri d’admiration tant cette création était exceptionnelle.
La beauté de la princesse y apparaissait dans tout son éclat
et un supplément d’âme, imperceptible et miroitant au gré des instants lumineux
de la journée, jaillissait de la toile comme un diamant.
Le prince déclara que désormais il considèrerait ce tableau
comme son chef-d’œuvre et décréta qu’il pouvait rejoindre son royaume.
Rien ne put le faire changer d’avis et lorsque la princesse
arriva le lendemain au bord du rivage, ce fut pour constater que le vaisseau
avait disparu.
Les sirènes disparurent à leur tour et la princesse reprit
ses activités ordinaires avec mélancolie.
Il ne lui restait que le tableau merveilleux mais quel n’était
pas le prix de ce présent tout à fait hors du commun !
Le bruit courut dans tous les royaumes avoisinants qu’il
existait une princesse d’une beauté hors du commun.
Des peintres talentueux firent des copies du portrait et ils
circulèrent, favorisant les émois de jeunes hommes, prêts à risquer leur vie
pour qu’une telle beauté éclaire la monotonie des jours.
C’est ainsi que de nombreuses demandes en mariage parvinrent
au palais.
La princesse Camélia fut si courtisée qu’elle en oublia peu
à peu le prince Yvan.
Les fêtes se succédèrent au palais et vint enfin le moment
tant attendu où le cœur de la belle princesse se mit à battre avec ardeur lors
d’une mazurka.
Fermant les yeux pour être sûre de ne pas être désappointée
en découvrant les traits de son cavalier, la princesse regarda son vis-à-vis à
la fin du morceau et reconnut alors le prince Yvan qui lui offrit sa bague de
fidélité et d’amour.
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