Le
chevalier aux cent visages
Connaissez-vous le
châtaignier d'or ? Ses feuilles immortelles, orpaillées dans nos rivières
tremblent au vent. Un cliquetis de métal avertit les amoureux de Brocéliande que
la forêt ne périra jamais. Voyez ce forgeron (éclairage) ! : il fabrique
un revêtement de métal pour nos arbres. Dressés comme des chevaliers dans la
lande, ils repousseront leur ennemi, le feu. Oh là ! forgeron ! As-tu terminé
la cotte de maille qui protègera notre vieux hêtre du grand incendie qui couve
sous les fougères ?
...
Pourquoi ne
réponds-tu pas ?
Morgane fait son
entrée en scène (elle vient de la salle, robe rouge, souliers d'argent, des
ballerines).
Morgane Ne vois-tu pas qu'il est emmuré
dans son rêve ? Toi qui parles sans discontinuer, as-tu perdu l'habitude
de songer ?
Le
chevalier Morgane la fée, tu veux
une fois de plus jouer les Circé? Mais tu as affaire à forte partie en ce qui
me concerne : Dans les jeux de rôle, j'ai interprété tous les grands
chevaliers.
Par exemple, Gauvain
(il porte un masque)
- A la recherche du
Graal, j'erre de forêt en lande et de château détruit en terre de bruyère. Je
me suis abreuvé dans mille étangs et mes cheveux sont blancs. Hier, le vieux
hêtre m'a parlé. La fin de la quête est proche.
ou mon rôle préféré,
celui du chevalier sans nom (masque).
- Je ne suis qu'un
rêve revêtu de métal. Ce sont de tout jeunes gens, épris de Brocéliande, qui
ont forgé mon armure.
Ils ont juré de
reconstruire le château de Ponthus en fer ouvragé.
Dans toutes les
légendes passe un chevalier inconnu à l'armure vermeille, noire, ou blanche.
Je suis ce chevalier
sans nom.
Parfois aussi, je
m'incarne en un bouleau, l'arbre magique par excellence.
Morgane - Myrddhin, n'es-tu pas Myrddhin,
pour mon plus grand malheur ?
Le
chevalier - Je puis l'être, si je
le souhaite, mais ce n'est pas mon meilleur rôle.
Morgane - Tu parles comme au théâtre.
Le
chevalier - Mais nous sommes au
théâtre ; voici les spectateurs attentifs à la pièce que nous jouons.
Morgane - Je ne vois que rochers, bruyères
et genêts.
J'aperçois cependant
dans un lointain bleuté Lancelot et Guenièvre qui s'avancent enlacés.
Cachons-nous,
chevalier aux cent visages, derrière la forge.
Peut-être,
pourrons-nous les surprendre en flagrant délit d'adultère et fournirons nous la
preuve de la déchéance de Guenièvre à mon bien aimé Arthur, mon frère et mon
roi.
Le
chevalier Ta perfidie ne s'est pas
émoussée. Qu'il en soit donc ainsi, belle Morgane !
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