Une rose sur le poing, le Chevalier des Songes avance
fièrement dressé sur sa monture aux couleurs de feu ; il entre dans une
forêt épaisse tapissée de fougères et chemine en cadence dans une ronde d’oiseaux
qui appellent le jour. Les ténèbres sont denses et le chevalier passe en revue
les souvenirs de guerre qu’il laisse derrière lui comme un immense tombeau. Ce
sera le tumulus énigmatique pour le futur. Qu’importait le motif invoqué ?
Il était fallacieux au regard du prix de la vie et du
sang versé en pure perte puisque ces carnages sombreraient dans l’oubli. Les
ténèbres se dissipent pour laisser place à une clairière inondée de soleil. Les
fées y dansent et prient le chevalier de les rejoindre. Mais la rose se
cramponne sur son poing et devient princesse aux voiles couleur safran. Elle saute délicatement dans la
clairière et exécute une danse orientale qui pulvérise l’art désuet et charmant
des jolies fées de la forêt.
Un palais miniature surgit sous ses arabesques et permet
au chevalier de se reposer enfin, après toutes ces chevauchées imposées par l’ange
du destin au son des tambours.
Benjouin, son noble destrier est pansé dans une écurie
royale et il repose, à son tour, ses muscles tendus.
Les bienfaits de la nuit s’étendent sur la forêt des
songes et le chevalier entre dans la légende en confiant ses secrets aux pages
magiques d’un livre, seul et unique reposoir de l’âme des chevaliers errants.
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