La nef des chevaliers
Partis de l’île de Man qu’ils jugeaient trop petite pour
contenir leurs exploits, des chevaliers avides de gloire mirent le cap sur la
Bretagne, terre de légendes.
A bord d’une nef arborant une voile pourpre où leur devise
était brodée en lettres d’or « Droit devant », ces chevaliers qui n’étaient
pas toujours sans reproches, arrivèrent sans problème à Roscoff où ils se
régalèrent de soupe à l’oignon et de matelote de poissons blancs.
Ils évitèrent Saint-Malo et ses remparts pour jeter l’ancre
à Douarnenez.
Puis ils se procurèrent des chevaux pour envahir la belle
Brocéliande, berceau des enchantements.
Inquiet de cette progression qui risquait de devenir
menaçante, le comte de Prunelé, suzerain siégeant au château de Trecesson et
responsable de tous les comtés avoisinants, convoqua son ban et son arrière-ban
pour tenir un conseil de guerre.
A l’issue de ce conseil où figuraient le chevalier de
Ponthus et le comte Louis de Barenton, il fut décidé que l’on irait à leur
rencontre, toutes bannières déployées, pour connaître leurs intentions.
De retour dans leurs domaines respectifs, chacun s’ingénia à
mettre en sûreté les biens et les personnes.
D’un commun accord, le chevalier de Ponthus et le comte
Louis prirent la sage décision d’envoyer au château de Dame Enora, la Dame
Blanche sauvée d’une mort cruelle par l’enchanteur Merlin, ce qu’ils avaient de
plus cher, leurs épouses, Blanchefleur et Gwendoline avec leurs enfants, Amour,
Aurore et Dorian.
Gwendoline était sur le point de mettre au monde un second
enfant et cette retraite en un lieu paisible était tout à fait indiquée pour
que cet heureux événement se déroule sous de bons auspices.
Les deux anciens rivaux partirent côte à côte en compagnie
de leurs écuyers.
Nouvellement adoubé, Jehan, nommé lors du cérémonial Jehan
de La Bruyère, chevauchait fièrement auprès de son parrain.
Tandis que Gwendoline mettait au monde deux beaux petits
garçons vigoureux, Fleur et Lilian, leur père était en première ligne d’un
groupe de chevaliers face à leurs adversaires supposés de l’île de Man.
L’un d’eux, nommé Harold le Sanguinaire, demanda à
rencontrer un émissaire pour trouver un accord ou, à défaut, une déclaration de
guerre.
Louis de Barenton fut choisi par ses pairs pour écouter le
message adverse.
La rencontre eut lieu dans la vallée du Fao ou rivière d’argent
en terre d’ Huelgoat, haut lieu celtique.
Aucune entente ne fut possible tant les exigences du clan de
l’île de Man étaient excessives.
Ils voulaient qu’on leur offre un duché, une énorme somme en
louis d’or, sans compter des pierreries et de jolies filles qui leur
serviraient de compagnes voire de servantes.
Louis de Barenton tenta de raisonner Harold mais ce fut
peine perdue.
Ils se quittèrent pour faire part de leur mésentente à leurs
amis.
Les chevaliers de l’île de Man se demandèrent un instant s’ils
ne feraient pas mieux de repartir dans leur île natale mais des irréductibles
furent d’avis de livrer bataille jusqu’à ce qu’on leur donne un duché, des
biens et des jolies filles.
Ce petit groupe l’emporta car il était déterminé à obtenir
gain de cause et c’est ainsi qu’eut lieu une bataille qui changea le cours des
événements.
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