Le mariage du comte Louis
Résigné à ne plus revoir celle qu’il avait tant aimée, le
comte Louis décida de tourner la page Blanchefleur et se laissa aller à une m mélancolie
constructive, annonciatrice d’un bonheur nouveau.
Gwendoline avait imprimé sa marque au château par ses
broderies subtiles et raffinées.
Roses, camélias, hortensias et pivoines naissaient sous ses
doigts habiles, offrant ainsi à la demeure une nouvelle jeunesse.
Elle broda des chemises de lin pour l’usage du comte et orna
son ciel de lit d’un voilage où les fleurs et les oiseaux reproduisaient les
charmes d’un éternel été.
Un jour, elle entreprit une œuvre singulière : une
féerique robe de mariée naquit de ses mains.
Le comte lui demanda à qui elle était destinée et elle
répondit sans hésiter :
« à celle qui m’en fera la demande ! N’est-ce pas
le rêve de toute jeune fille de porter la toilette de tous ses souhaits ? »
Cette réponse plongea le comte dans la réflexion et il se
dit que Gwendoline rêvait de porter cette robe magique et que c’était un
message qu’elle lui adressait.
Perplexe et indécis sur la marche à suivre, le comte fit
atteler la calèche et partit dans le Val-Sans-Retour.
Il fit une halte dans l’église de Tréhorenteuc où il se
recueillit à nouveau.
C’est alors que la révélation s’imposa à lui.
Lorsqu’il avait vu Gwendoline pour la première fois, il
avait eu l’impression de la connaître, et pour cause : elle ressemblait,
traits pour traits, à la figure centrale du vitrail qui l’avait tant
impressionné, le précipitant dans une torpeur stendhalienne, marque de la
beauté absolue.
Heureux de connaître la réponse à ses questions, le comte
revint au château, commanda à son orfèvre une parure de mariée et attendit le
moment propice pour présenter sa demande à Gwendoline.
Cette dernière avait achevé sa robe de mariée et
entreprenait de broder de paons une superbe traîne et un voile.
Lorsque la toilette fut terminée, le comte commanda aux
cuisines un repas de fête auquel participa Gwendoline revêtue d’une robe
princière qu’elle avait conçue et cousue avec art et dextérité.
Au dessert, le comte fit sa demande officielle en mariage.
Gwendoline était submergée par l’émotion.
Elle eut quelques mots sur ses origines roturières mais le
comte lui baisa les lèvres pour toute réponse.
Il lui offrit un diadème de fiançailles et une parure digne
d’une reine.
Les jours suivants furent consacrés aux préparatifs du
mariage.
On envoya des invitations à la ronde et nombreux furent ceux
qui répondirent présents.
Le chevalier de Ponthus déclina l’offre avec beaucoup de
civilité et il accompagna ce refus courtois d’un coffret élégant contenant des
objets précieux destinés à la mariée.
Heureux de ce dénouement, le comte Louis ne pensa plus qu’au
jour de ses noces et lorsque la nuit vint, il fit preuve de délicatesse et d’amour
empreint de tendresse envers celle qui lui donnerait bientôt, espérait-il, l’enfant
qui porterait son nom pour le faire briller au firmament.
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