Le chevalier de Ponthus
Impressionnée par ce présent qui lui conférait jeunesse et
beauté éternelles, Blanchefleur n’eut pas le loisir de remercier son
bienfaiteur car un vent tourbillonnant s’empara de sa personne et la transporta
jusqu’à la fontaine de Barenton qu’elle retrouva comme elle l’avait laissée,
avec son eau bouillonnante et une étrange atmosphère de légende.
Un chevalier noir surgit dans un fracas de tonnerre et d’éclairs.
Il mit pied à terre et s’agenouilla près de la dame qu’il
interpella ainsi après avoir ôté son heaume ; laissant apparaître le plus
beau des visages.
« Dame de beauté, gente Blanchefleur, ceinte de l’aubépine
sacrée, je jure de vous aimer pour l’éternité. »
Joignant le geste à la parole, le chevalier étreignit
doucement sa dame d’amour et la pressa contre sa poitrine.
Tous deux partirent vers un domaine protégé par des hêtres
centenaires et des dragons rutilants.
Otant son armure pour se mouvoir dans son château construit
selon les critères féodaux, Aymeri de Ponthus apparut dans tout son éclat,
revêtu d’un pourpoint de velours noir constellé de pierreries.
Il conduisit sa dame jusqu’à sa chambre, lui baisa la main
et disparut pour la laisser à sa toilette. Aude, dame de compagnie, lui vint en
aide pour qu’elle soit aussi fraîche que possible et trouver le sommeil.
Le lendemain, Aude réveilla sa dame en lui apportant de quoi
se restaurer pour la matinée.
Après les ablutions d’usage, Blanchefleur revêtit une
magnifique robe d’apparat qui avait l’avantage d’être agréable à porter.
Sa belle chevelure, brossée et ceinte du diadème flamboyant
offert par Merlin, gage de jeunesse éternelle, Blanchefleur se rendit dans la
grande salle pour y rencontrer son chevalier qui l’étreignit tendrement.
Tous deux se dirigèrent ensuite dans les jardins et ils
marchèrent dans un petit bois où roucoulaient tourterelles et passereaux.
Ils avisèrent une petite chaumière pimpante, avec des volets
ornés de cœurs et des plantes grimpantes, glycines, chèvrefeuilles et
clématites pour décorer la façade.
L’intérieur était charmant et accueillant.
L’intérieur était charmant et accueillant.
Les amants se blottirent dans une bergère qui semblait se
trouver là pour abriter leurs amours.
Aymeri laissa libre cours à son imaginaire courtois et se
conduisit de telle manière que Blanchefleur crut entendre parler d’amour pour
la première fois.
Tout souvenir effacé, elle écouta la mélodie des mots
auxquels se joignirent des témoignages passionnés, si doux, si tendres qu’elle
se sentit gagnée par cette flamme inaltérable et sans égale.
Des mots refoulés jusque-là dans le tréfonds de son cœur jaillirent
spontanément de ses lèvres et les amants passèrent des heures enchantées,
enlacés et certains de connaître un amour qui durerait toute une vie.
Fier de son dernier enchantement réussi, Merlin se reposait
dans son mausolée de verre, dans l’attente de celle qui ne manquerait pas de
venir l’implorer.
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