Le Pas du Houx
En pénétrant dans la forêt de Brocéliande, Blanchefleur crut
avoir trouvé la terre promise.
La mésange rejoignit une nuée de papillons bleus qui
indiquèrent le cap à tenir.
Près d’un étang nommé le Pas du Houx s’élevait un joli
château.
Blanchefleur activa le heurtoir et un majordome
l’introduisit dans un petit salon où on lui servit rafraîchissements et
pâtisseries locales nommées sablés.
Il faisait un peu lourd et notre héroïne s’éventa avec un
accessoire posé sur un guéridon.
« Vous avez chaud, ma chère ? »
Elle sursauta en entendant la voix douce d’un bel homme
qu’elle n’avait pas vu venir et qui se tenait à ses côtés.
Il lui baisa la main sans attendre la réponse puis l’enleva,
à son bras, pour la guider dans un jardin d’amour qui lui rappela bien des
souvenirs.
Ils s’assirent dans des fauteuils de rotin près d’un ilot
d’orchidées, de roses et de cyclamens.
La mésange s’était fait un nid et elle semblait décidée à
faire de ces lieux son havre de paix.
Le gentilhomme se présenta : Louis de Barenton, pour
vous servir Dame Blanchefleur, dit-il sans qu’elle ait eu besoin de se nommer.
Ses yeux couleur de myosotis brillaient d’un doux éclat.
Il lui prit la main puis l’enlaça tendrement, sans mot dire,
la couvrant de baisers.
Blanchefleur se surprit à lui rendre ces témoignages d’amour
et leur passion devint si intense que le comte Louis l’emmena dans sa chambre
pour la dévêtir et lui offrir des preuves de son attachement charnel.
Leurs ébats furent passionnés et au petit matin, le comte
Louis s’éclipsa pour laisser à sa dame le temps de se reposer un peu.
La journée puis les suivantes furent à l’aune de leur amour,
troublant et mystérieux.
Vint un jour où le comte partit en voyage d’affaire :
il lui fallait régler quelques problèmes concernant ses propriétés.
Il embrassa longuement et passionnément sa douce
Blanchefleur et lui promit de ne pas s’attarder outre mesure.
« Vous ne manquerez de rien, Amour de ma vie, j’ai
donné des ordres pour que le moindre de vos souhaits soit exaucé. »
Louis s’éloigna en adressant des baisers de ses longs doigts
fuselés.
Demeurée seule, Blanchefleur explora le château.
Une seule pièce était fermée à clef. Le majordome n’avait
pas de double.
C’est la mésange qui lui vint en aide. Elle lui apporta une
minuscule clef d’or qui ouvrit sans problème la porte secrète.
Le cœur battant, Blanchefleur découvrit une magnifique
suite, toute blanche, avec des meubles sculptés d’amours et de nymphes.
Dentelles, soieries et velours ornaient les vitres et les espaces
vides, sans compter de splendides tapis persans.
Sur le secrétaire, un cahier était ouvert. Notre
exploratrice put lire les derniers mots : « j’ai enfin découvert le
mystère de la Dame Blanche. Dès demain, je pars suivre sa piste à la fontaine
de Barenton. »
Voilà qui est bien étrange, se dit Blanchefleur puis elle
referma la porte, donna la clef à sa mésange et entreprit de se promener dans
le jardin.
Ce château contient certainement un secret, se dit-elle mais
ne dois-je pas plutôt m’intéresser à l’énigme du bel aubépin ? et elle
chassa le souvenir de cette étrange chambre et pièces attenantes qu’elle n’avait
pas visitées.
Elle se promit de n’en dire mot à personne et surtout pas au
beau Louis qu’elle aimait à la folie.
Elle s’endormit en rêvant que des buissons d’aubépines s’ouvraient
pour se transformer en baisers ardents.
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