Les roues ensevelies
sous un tapis de violettes, de roses et de tulipes, le char du Dieu Amour
progresse sur la route de l’espérance sous la conduite d’un jeune homme vêtu
d’une tunique blanche et chaussé de sandales turquoise.
Les six chevaux qui
forment l’attelage avancent en cadence. Un joueur de flûte accompagne le Dieu
et une danseuse fait onduler ses hanches sous un pagne marqué par le coton du
Nil et les fleurs de lotus.
En longeant le fleuve
sacré, le Dieu sourit aux hippopotames qui baillent dans leur bain. Les
crocodiles sont à la recherche d’une proie et une barque de pêcheurs esquive
les animaux pour lancer ensuite les filets qu’ils ramènent pleins de poissons.
En croisant des jeunes
filles timides, légèrement voilées, le Dieu Amour leur offre des fleurs et des
bijoux avec force sourires et laisse une empreinte indélébile sur le paysage
sentimental de toutes ces beautés diverses qui n’oublieront jamais ce jour
mémorable où elles ont été distinguées.
Le sourire du Dieu est
irrésistible et incite à l’amour.
Une vieille femme qui
passait par là tenta de mettre les jeunes filles en garde contre les ravages
des passions.
Elle leur offre une
carte étrange nommée « Carte du Tendre » où apparaissent lacs
d’indifférence, mers des passions et autres pièges des amants qui ne respectent
pas les codes d’un amour pensé et réfléchi.
Une étourdie jeta la
carte et courut s’offrir à un bel homme confondant beauté et sincérité, une
autre, craignant lacs profonds et mers dangereuses se retira dans un village
perdu dans les collines, souhaitant ne plus faire de rencontre.
Une troisième étudia
la carte de près et vit qu’il y avait une multitude de hameaux dont il fallait
tenir compte pour éviter les récifs du cœur. Il y avait là billets doux, billets
galants, rencontres en société, petites attentions, manifestations amicales
puis affectueuses. Elle décida de s’inspirer du précieux parchemin, analysa le
comportement des jeunes gens de son entourage et en choisit un qui se
conformait aux pratiques de l’amant idéal. Elle l’épousa et offrit au Dieu
Amour un énorme bouquet de lilas, pensant que la vieille dame porteuse de la
carte était l’émanation féminine de cette formidable puissance de l’Amour.
Et pendant ce temps, le Dieu continuait sa progression
sur le monde, précipitant finalement le char solaire dans le lac de la
Tendresse.
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