Sur le chemin de ronde
d’un château médiéval, un guetteur veillait. Réduit à l’état de fantôme, il
était cependant vigilant, espérant qu’une étoile lui rendrait son apparence
humaine. Un nuage poudreux venu de la plaine lui apprit qu’un groupe de
cavaliers s’approchait du château. Donner l’alarme, certes, mais à qui ?
il était désespérément seul ! « Mais moi, je suis là ! »
dit une petite voix. Il finit par trouver l’émetteur : il s’agissait d’une
mésange bleue. « Embrasse-moi ! » lui dit l’oiseau. Alors le
guetteur déposa l’ombre d’un baiser sur la jolie tête porte-bonheur.
L’oiseau s’étira et
grandit, se métamorphosant en princesse de conte. Le doute n’était pas permis
puisqu’elle portait une couronne d’or sur la tête. Elle embrassa le guetteur
qui reprit figure humaine et entra dans les hautes sphères de la hiérarchie,
grâce à une tenue d’apparat comprenant le fameux collier de la Toison d’Or. Le
pourpoint de velours lui allait très bien. L’épée avait pris la place de la hallebarde et son apparence s’était
singulièrement anoblie.
Cependant les
cavaliers s’approchaient du château. Ils étaient vêtus comme les Sarrasins mais
brandissaient des oriflammes où le nom de Malforza était brodé en lettres d’or.
« Qui est ce
Malforza ? demanda le prince.
-
C’est
un tyran légendaire qui erre dans les livres de contes.
Il a sans doute
profité d’une faille du temps pour opérer sa réapparition.
-
Que
faire, ma mie ? Je suis seul !
Pardon, vous êtes à
mes côtés mais je redoute d’exposer votre beauté à la cruauté de ces soudards.
-
Ne
craignez rien, mon Aimé, nous avons une arme secrète ».
Et ce disant, la
princesse, aidée par des servantes qui apportaient des roses par brassées, jeta
les fleurs bien loin, en direction des cavaliers.
Les roses se transformèrent en serpents qui désarçonnèrent
les cavaliers puis les étouffèrent et en tuèrent une grande partie grâce à leur
venin mortel. Ce fut un jeu d’enfant pour le prince d’affronter les survivants
un à un, à la manière d’Horace. Il fit prisonnier le chef, se réservant le
droit de l’interroger sur les intentions belliqueuses du groupe. D’autres
ennemis viendraient peut-être venger les assaillants et reprendre le combat
interrompu.
Le prince rejoignit la
belle du château dans la salle d’apparat et ils firent honneur à un repas qui
leur fut servi par de nombreux serviteurs.
Des gâteaux moka et
des cygnes en pâte à choux fourrés de crème pralinée clôturèrent le festin
constitué essentiellement de volailles diverses et de légumes oubliés.
Heureux de ce
dénouement si bien fêté, le couple se retira dans ses appartements mais en
cette première nuit étoilée d’amour et prometteuse d’avenir, le prince préféra
reprendre le poste de guetteur sur le chemin de ronde par reconnaissance et
fidélité au château millénaire.
je suis vraiment touché de vos écrits.
RépondreSupprimerIl m'inspire beaucoup d'où je voudrais avoir les ouvrages pour je puisse les lire en totalité.
Merci beaucoup pour vos oeuvres.
Merci pour ce soutien chaleureux !
RépondreSupprimer