Elles sont venues se
baigner ce matin, les fées de la fontaine pour la grande joie des oiseaux. Il y
avait là la fée d’Orient, celle du pays des brumes et vêtue de voiles bleus, la
fée préférée des enfants, celle qui sauve les âmes perdues.
L’eau de la fontaine
provient de sources lointaines cascadant sur les galets ronds en ramenant de
rares pépites et des iris d’Alger, les plus beaux, les plus bleus.
Moi qui passais
par-là, je ramassai une ou deux pépites et les fichai au cœur d’un bouquet
d’iris que je portai à ma belle pour gage de mon amour.
Les fées de la
fontaine, certes, avaient tenté de m’entraîner dans leurs ébats joyeux mais je
me détournai de leur beauté en gardant le souvenir de nos dernières rencontres.
J’avais hâte de retrouver
notre banc, presque aussi mythique que celui où le prince Mychkine et la belle
Aglaé échangèrent des paroles immortelles. Plein d’espoir et irradié d’amour,
je m’approchai de mon aimée alors qu’elle me tournait le dos et l’enlaçai
doucement en lui offrant le bouquet bleu. Elle se retourna et je vis alors que
je m’étais trompé ! Funeste erreur ! La belle avait la même sveltesse
que ma déesse, la même douceur dans le regard, la même façon de s’habiller en
Liberty !
Que faire ? Elle
s’approchait de moi, souhaitant que je l’embrasse. Alors que j’étais prêt à
m’exécuter, j’entendis un grand éclat de rire et l’une des trois fées, celle
qui était vêtue de voiles bleus m’apparut dans un halo lumineux.
« Crois-tu vraiment que l’on puisse refuser les
avances des fées de la fontaine ? » dit-elle avec sévérité puis elle
me laissa, penaud et pensif et je me jurai alors de me retirer dans un
monastère pour me retrouver, loin de toutes ces tentations absurdes. Un grand
vent chaud m’enveloppa comme la pelisse des princes nordiques et je partis sur
les chemins en espérant ne plus jamais rencontrer les fées de la
fontaine !
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