Les belles de jadis
avec des voilettes de tulle se balançaient au son d’airs charmants d’opérette
dans le jardin ensoleillé par des poiriers, des pruniers et des figuiers aux
effluves de miel. Les ruchers du verger s’étagent près du mur où courent le
chèvrefeuille, la clématite et les glycines.
Toutes ces fleurs en
grappes, ces fruits goûtés nature ou en compotes et aussi en confitures ajoutés
aux bons œufs du poulailler servent aussi à la préparation de repas gourmands,
foie gras aux figues ou aux pommes, lapin en gibelotte, beignets d’acacia,
tourtes de légumes et tourtières à la crème et aux fruits. Et pendant ce temps,
les belles lisent sur leur balançoire, chantent des airs d’opérette et font
voler leurs jupons de percale brodée.
Survient un beau jeune
homme, une belle lui tombe dans les bras comme un beau fruit mûr et c’est un
rêve de voir ce couple danser, s’aimer et s’unir sous les arceaux de la
roseraie.
Les belles de jadis
croquaient les pommes à belles dents, jouaient avec le vent, créant des bulles
roses où elles couraient jusqu’à en perdre le souffle, heureuses d’exister, de
connaître l’amour et d’orner leurs oreilles de pendants de cerises comme les
petites filles.
Les belles de jadis
empoignaient ensuite le travail comme elles l’avaient fait avec les jeux, en
toute innocence.
Et les jours
passaient. Elles se mariaient, mettaient des enfants au monde et tout
recommençait comme autrefois. Les petites filles, devenues grandes, prenaient
place sur la balançoire, chantaient, lisaient et rêvaient puis une fois le rêve
de l’adolescence achevé dans un tourbillon de romances, rencontraient le jeune
homme qui leur était destiné et tout recommençait comme un refrain d’opérette.
Mais un jour, l’opérette et ses airs merveilleux ont
disparu, mettant un terme à ce bel agencement que je suis la seule, sans doute,
à célébrer, dans une grande envolée de Violettes Impériales.
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