La fée des lumières
Mettant à profit la rentrée des classes qui avait lieu de
manière solennelle à la même époque dans le monde des humains, la fée des
Lumières décida de tenir un colloque dans une assemblée solennelle qui unirait
les fées, les lutins, les magiciens et elfes en tout genre.
Le mot d’ordre serait le suivant : survie de la féerie.
Cela prêterait à sourire si l’on n’avait pas constaté qu’une
modernité proclamée engendrait des inégalités appuyées et des mises à l’écart d’enfants
qui ne savaient à quelle fée se vouer pour que cessent les querelles
domestiques, les souffrances et le déni du droit à l’imaginaire.
Une première réunion fut fructueuse et l’on imagina des
stratagèmes pour que des enfants se sentent concernés et viennent exposer leurs
doléances et leurs revendications.
On convint de préparer un cadeau d’accueil constitué d’objets
destinés à fouetter l’imaginaire enfantin : poupées, voiture miniatures,
albums à colorier, cahiers enluminés et jolis stylos incitant à l’écriture
seraient un point de départ pour ce colloque enfantin auquel on ne manquerait
pas d’adjoindre les grands classiques de la littérature enfantine et des
goûters fabuleux, comme il en existe dans les contes de fées de bon aloi.
Myriam, Gabriel, Léo, Elsa furent les premiers à trouver l’invitation
nichée dans un tronc de saule ou de noyer.
Ils arrivèrent dans la maison des fées en se référant à un
plan détaillé qui faisait appel à leurs compétences imaginaires et rationnelles
conjuguées.
L’acte I se déroula avec prises de paroles maîtrisées et l’on
se quitta plein d’espoir pour des lendemains féeriques basés sur le simple bon
sens et l’amour de l’autre en se référant au droit d’écoute et de
raisonnement cartésien, ce qui n’était
pas incompatible avec l’enchantement, de grands mathématiciens nous l’ont
démontré.
Heureuse de la réussite de ce premier contact avec l’univers
enfantin, la fée des Lumières prit la décision d’ouvrir une école capable de
rivaliser avec une célèbre institution réservée à la sorcellerie et ce projet
fut applaudi à l’unanimité, les combats et luttes diverses ayant fini par
fatiguer le monde des enfants, dans la mesure où la violence et le drame
étaient devenus le pain quotidien de leur univers, de moins en moins vivable et
propice à la rêverie créatrice.
La rentrée fut fixée au solstice d’hiver et chacun put se
préparer à ce grand jour !
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