Richesses Automnales
La fée des Lumières organisa des séminaires de sommellerie
pour aborder de manière concrète et ancestrale la venue de l’Automne, avec son
beau cortège de fruits et de légumes destinés à la fabrication de potages
veloutés et magiques et naturellement ses vendanges.
Figues, tomates et poivrons, piments, courges sous toutes
leurs formes, butternut étant la plus prisée, raisin de table, pommes furent de
tous les menus.
Le supplément fut mis en conserves : elles égaieraient
les menus d’hiver, rendant ces derniers plus gustatifs et colorés.
La venue des vendanges fut préparée avec soin et la fée s’ingénia
à mettre un terroir à l’honneur car il plongeait dans une histoire qui formait
une chaîne de richesses et d’ouverture sur le monde, il s’agissait de l’Aquitaine
qui avait longtemps oscillé entre l’appartenance à la France et à l’Angleterre
de par les alliances entre rois et princesses, la plus célèbre demeurant
Aliénor d’Aquitaine.
Des sommeliers furent conviés à l’école et des cours d’apprentissage
commencèrent sous la houlette d’une fée des vendanges qui tenait sa notoriété d’une
incursion dans une petite bourgade, Labastide d’ Armagnac qui se proclamait
reine de ce nectar venu du fond des âges.
Mais si les alcools et les apéritifs tels que le floc ou
fleur d’Armagnac tenaient le haut du pavois, les vins qui étaient à la portée
de la population connaissaient un regain d’intérêt.
Les vins de Cahors, si prisés par les Anglais, que l’on
acheminait par gabarres jusqu’au port de Bordeaux pour mettre la voile sur le
royaume d’outre-manche, redevenaient à la mode et l’on aimait savourer ces
boissons dont la couleur noire n’était pas sans rappeler les fruits des
taillis, mûres ou cassis.
Madiran abritait des vignes qui étaient précieuses et offraient
les possibilités de vins élaborés et pratiquement parfaits.
Tout le monde avait en mémoire la légende selon laquelle le
bon roi Henri qui avait prôné la poule au pot du dimanche pour tous, avait eu
les lèvres humectées par le vin de Jurançon après qu’on lui eut passé une
gousse d’ail sur la bouche pour le fortifier, dès sa naissance.
Ce même roi Henri avait, dit-on, l’habitude de s’arrêter
dans la ville de Labastide d’Armagnac car une beauté locale avait les honneurs
de son amour et il admirait les arcades de la ville au point de les faire
reproduire à Paris.
Chacune de ces villes eut une place royale et l’on peut
encore admirer à Labastide d’Armagnac des maisons à colombages qui servent de
relais-témoin d’un passé glorieux.
Des séances d’initiation à la sommellerie eurent lieu à l’école,
sous l’égide de professeurs intéressés par cette discipline peu connue qui plonge
le novice dans un état proche de l’ivresse des cimes.
Cet état singulier atteignait son nirvana sans qu’il soit
besoin de boire ces breuvages car il suffisait de humer et de déguster du bout
des lèvres de petites quantités pour connaître pleinement le nectar proposé.
Ces cours connurent un immense succès et l’on retint
quelques sommeliers pour les cuisines car la direction pensa que l’on ne
pouvait pas se passer de ces services qui avaient fait la renommée mondiale du
pays.
Les richesses automnales furent également retenues pour le
choix de textes littéraires qui en proclamaient la beauté et ainsi armés, les
pensionnaires de l’école des enchanteurs se sentirent prêts à affronter les
frimas de l’hiver qui leur apporterait certainement un charme certain, au
détour de chemins de neige et de flambées du soir.
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