L’enlèvement de Tiphaine
Tugdual ne se lassait pas de contempler les navires ancrés
dans le port de Saint-Malo et il restait des heures à observer les manœuvres des
marins. Il rêvait de voyager sur l’océan et c’est ainsi qu’il oublia de
rejoindre Tiphaine qui avait sollicité ses services car elle ressentait la
curieuse impression d’être observée et suivie dans la vieille ville, à l’intérieur
des remparts si imposants qu’ils décourageaient toute tentative d’invasion.
La jeune fille fut enlevée sans qu’elle subisse la moindre
douleur. Emportée par des bras vigoureux, elle s’endormit et ne s’éveilla que
quelques heures plus tard, dans une pièce fort avenante où il aurait fait bon
vivre si elle n’avait pas été emportée contre son gré.
Elle rendit grâce à son geôlier de lui avoir offert du
parchemin et de quoi écrire, ce qui prouvait qu’il la connaissait.
Sans plus tarder, elle lança une suite d’histoires où les héroïnes
étaient libres d’agir à leur guise et rencontraient des princes déguisés en
mendiants comme dans les belles histoires orientales qu’elle se plaisait à
lire.
Elle fit la connaissance de son ravisseur qui ne lui dévoila
pas ses traits et son visage puisqu’il portait un masque vénitien du plus bel
effet.
Sa voix était douce et mélodieuse et Tiphaine s’enhardit
jusqu’à lui demander la grâce d’une libération rapide, arguant de l’inquiétude
qui devait régner parmi les siens.
« Cela ne se peut chère Tiphaine car en réalité je vous
aime jusqu’à en perdre la raison et je ne peux vous laisser partir sous peine d’en
mourir.
Pour rassurer votre entourage, je vous propose d’adresser
des lettres qui informeront les personnes choisies de votre bon état de santé
et de votre retour probable après une retraite qui vous permettra de mener à
leur terme des éléments littéraires qui vous tiennent à cœur ».
Confondue par tant de clairvoyance, Tiphaine s’exécuta et
écrivit des missives très éloquentes dans lesquelles elle assurait se porter
bien et revenir bientôt parmi ses amis.
Les jours s’écoulèrent sans heurts et Tiphaine se piqua au
jeu, écrivant sans relâche.
Elle pensait que son ravisseur n’aurait plus de raison de la
garder lorsqu’elle aurait mis le point final à son manuscrit.
Persuadée de cette proche délivrance, elle écrivait jusqu’à
ce que le sommeil ne la gagne.
Mais cette illusion ne dura guère car le ravisseur qui lui
avait révélé un prénom, Louis, lui assura qu’elle risquait de perdre sa belle
santé dans ces écrits ininterrompus et il lui imposa des promenades en sa
compagnie dans le parc du château où elle vivait désormais.
Cet excès de prévenance et de ruse lui fut fatal car Magix,
le professeur de magie de l’école des enchanteurs que l’on avait fait venir
pour résoudre l’énigme et délivrer Tiphaine des griffes de son ravisseur,
trouva le moyen d’endormir le geôlier dans une allée du château et il enleva la
jeune fille, la rendant à ses proches au milieu des hurrahs.
Tiphaine souhaita vivre quelque temps dans sa famille avant
de reprendre ses chères études et ce souhait fut exaucé par la fée des Lumières
qui désirait le meilleur pour ses élèves.
Puis la fée mit un terme au séjour en terre bretonne car
décidément cette région tenait son rang en matière légendaire.
Chacun revint en classe, enrichi par ces éléments qu’il
mettrait à profit pour améliorer leurs connaissances.
Tugdual qui avait reçu de Tiphaine l’assurance de son pardon
pour l’avoir oubliée en contemplant des navires, renoua avec le goût prononcé
pour la marine et il développa l’étude marine pour son parfait bien-être.
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