Maxellende
Tartes au sucre et aux fruits, palets de dame, gougères au
maroilles si délicieux et si fondant, crémeux à souhait, babas au rhum et
tourtes aux pommes cueillies dans les vergers verdoyants, naissaient sous les
doigts habiles de Maxellende et bientôt, dans la commune de Maroilles où le
groupe scolaire s’était déployé, elle devint célèbre.
Le patron de l’estaminet Au chat qui dort, ainsi nommé car
le chat persan de l’établissement ne dormait que d’un œil, veillant sur le
confort et la prospérité de ce domaine où chacun, selon ses besoins et ses
disponibilités, faisait une halte pour se restaurer rapidement, aimait les
créations culinaires de la jeune fille car elles attiraient une clientèle d’habitués.
Au nombre des habitués, on remarqua la présence de Sylvain
qui aimait profondément son métier de tonnelier qui requérait force et
précision.
Il avait fait des gougères au maroilles, le fromage de la
ville, son mets de prédilection et lorsqu’il était repu de préparations
gourmandes, il travaillait avec plus de rigueur et d’entrain à la fabrication
de ces tonneaux de toutes tailles, destinés à contenir du cidre régional, de la
bière et parfois de l’alcool distillé à partir de pommes macérées.
La cuisinière de talent et lui se rencontrèrent un jour à l’estaminet
à l’occasion d’une livraison de la jeune fille et ils échangèrent un long
regard passionné.
Sylvain invita Maxellende à bien vouloir l’accompagner en
forêt de Mormal où il aimait chasser le cerf et la jeune fille accepta par
principe car elle devait demander l’autorisation de sortir de la cuisinière en
chef du groupe.
Cette dernière obtint de bons renseignements concernant le
jeune homme et il put venir chercher celle qu’il aimait à considérer comme sa
fiancée dans un attelage coquet tiré par de fringants chevaux gris pommelé.
Le voyage en forêt fut des plus agréables et Maxellende eut
la joie d’apercevoir des cerfs bondissant dans les futaies.
Le meilleur ami de Sylvain, Théophile arrêta l’attelage dans
une clairière , prétextant le besoin de s’ébattre pour les chevaux et les deux
amis qui formaient un joli couple s’enfonça dans les sous-bois pour parfaire
leur liaison récente.
Les fleurs s’inclinaient à leur passage et Maxellende se
promit d’en extraire une essence qui lui permettrait d’améliorer ses sirops.
De son côté, Sylvain repérait des arbres susceptibles de
fournir un bois précieux pour ses tonneaux exceptionnels.
Chacun fut invité à dire ce qu’il pensait et les jeunes gens
rirent de confronter des remarques d’ordre professionnel.
Profitant d’une trouée de soleil qui se jouait de la
blondeur des cheveux de la jeune fille, Sylvain couvrit de baisers la jolie
nuque qui s’offrait à lui.
Craignant de succomber davantage, la jeune fille souhaita
retrouver la quiétude du village et Sylvain comprit parfaitement ce désir de ne
pas aller plus loin dans cette première rencontre où les corps s’étaient livrés
de la plus belle des manières.
Ils revinrent à l’attelage avec une brassée de fleurs et c’est
dans cet embaumement floral qu’ils regagnèrent le village de Maroilles qui leur
avait permis de se rencontrer.
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