Colombine Outre-Miroir
Au pays d’Alice, Colombine joue les coquettes avec sa
maestria habituelle. Le chapelier fou n’est pas sa tasse de thé mais faute de
mieux, elle manie son éventail à la manière andalouse et cherche des galants
pouvant lui servir de faire-valoir.
Pierrot erre dans les allées bordées de fleurs et de
buissons odorants et il finit par s’asseoir sur un banc. Sortant de sa besace
son écritoire, il rime à perdre haleine et relit ses trouvailles poétiques avec
satisfaction.
Colombine, facétieuse, lui cache les yeux de ses jolies
mains blanches puis elle s’assied à ses côtés, prête au badinage.
Un billet du lièvre de Mars lui parvient, l’invitant à un
bal costumé.
Tous deux se présentent dans la clairière où doit se tenir
le bal et ils sont accueillis par des hérissons qui contrôlent les identités
des participants.
Arlequin est de la partie et il joue de la mandoline en
adressant des œillades coquines à la belle Colombine qui, ce soir-là, décide d’en
finir avec cet impossible trio et de faire un choix décisif.
Au moment où elle s’apprête à désigner l’élu de son cœur, la
reine de cœur arrive en grande pompe et suivie de sa cour, donne le signal des
réjouissances.
Le quadrille bat son plein et facilite le passage d’un
cavalier à un autre mais une mazurka langoureuse permet aux belles indécises et
à leurs cavaliers de brouiller les cartes du grand jeu de la séduction.
Le bal se termine par une gigantesque farandole et les
couples se cachent dans les bosquets pour faciliter leurs ardeurs.
Le cœur sur les lèvres, Colombine jette son dévolu sur un
inconnu qui a l’immense avantage de lui réserver des surprises et elle jette
son masque résolument pour se retirer dans un royaume ignoré où elle sera la
reine.
Outre-Miroir, Colombine a scellé son destin et nous incite à
faire de même tant il est vrai que, de l’autre côté du miroir, le monde s’offre
à nous dans une étrange diversité, à la fois symétrique et proche de l’asymptote.
Pierrot, quant à lui, poursuit ses travaux d’écriture et
Arlequin, toujours aussi fantasque, cherche une proie facile, susceptible de
goûter ses marques d’amours faciles et fugaces.
La reine de cœur retourne en son royaume où elle exerce une
douce autorité qui lui amène des soupirants en mal d’amour et tout ce petit
monde rêve d’un équilibre précaire qui lui apportera les douceurs promises par
Platon, dans une caverne originelle où s’éveillent les consciences et le désir
d’aimer.
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