Envol de tourterelles
Elles se sont envolées à mon approche, les tourterelles,
après leur parade nuptiale et elles ont laissé derrière elles une traînée dorée
et navrée pour me signifier leur domination royale sur mon humble demeure et
ses jardins.
J’ai ramassé quelques plumes abandonnées en guise d’offrandes
et je les place entre les pages des livres qui sont devenus des brûlots d’actualité,
Paris est une fête d’ Ernest Hemingway, Notre Dame de Paris de Victor Hugo, La
Peste d’Albert Camus et Le hussard sur le toit de Jean Giono.
Ces plumes quasi magiques font palpiter les pages des
livres, leur donnant une présence céleste.
Quant aux autres, je les ai placées dans mes carnets d’écriture
qui relayent les notes de Jean-Jacques Rousseau, à l’imitation des Rêveries du
Promeneur Solitaire.
Notre immense philosophe, touche à tout réinventant le droit
de propriété, les principes pédagogiques, l’écriture musicale et tant d’autres
thèmes qu’il nous suffit de développer tant ils sont bien argumentés et posés
de manière rationnelle avec une touche de poésie.
L’homme qui a voulu réconcilier l’instinct maternel et le
plaisir d’aimer, amour sublimé dans La Nouvelle Héloïse, serait très étonné s’il
revenait sur terre aujourd’hui.
Alors qu’il se pencherait pour cueillir une fleur qu’il
placerait dans son herbier, un préposé de la maréchaussée lui demanderait son
sauf-conduit et le motif de son déplacement.
Notre monde est devenu bien étrange et ce virus codé semble
avoir révolutionné notre façon de vivre, mettant à bas les principes de liberté
dont nous étions si fiers.
Pour mettre un terme à ma rêverie, les tourterelles sont
revenues en mon domaine, devenu le leur et l’une d’elles s’est posée sur mon
épaule en signe d’alliance.
Certaines de ne jamais être mises en cage, elles se sont
mises à roucouler, m’apportant le réconfort et balayant les affres de la peur.
Le saxophone de Manu Di bongo résonne à mes oreilles car il
est devenu immortel.
Les dessins d’Uderzo pleurent le dernier créateur de ces
albums qui ont bercé notre enfance.
Astérix, Obélix, Falbala et tout le village gaulois
réfractaire versent des larmes d’argent pour honorer leur père.
Les tourterelles appellent les oiseaux des environs pour
former un cortège afin d’accompagner ces êtres quasi divins jusqu’à leur
dernière demeure.
Tourterelles, mes amies, envolez-vous pour nous rapporter le
brin d’olivier de l’espérance !
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