Le liseron du Bois Joli
En s’envolant vers le Bois Joli, Jacotte, la pie apprivoisée
de Pénélope donna à la maîtresse des lieux l’idée de la suivre.
Laissant derrière son sillage des perles irisées, Jacotte
volait avec volupté vers des aventures souhaitées : la vie devenait morne
au domaine des Trois Sources et elle en connaissait à présent toutes les
issues.
Pénélope marchait d’un bon pas, emmenant avec elle une
valisette destinée à parer à toute éventualité et décidée à profiter d’une
journée exceptionnelle, sans doute protégée par les fées de son domaine.
La fée Noisette, une habituée des lieux, la fée Cassandre,
reconnue pour trouver toutes les énigmes en pure perte puisqu’on ne la croyait
jamais, la fée Livre d’or qui était reconnaissable à son turban à la mode de
Simone de Beauvoir et qui croyait passionnément à la vertu créatrice des mots,
survolaient le chemin qui sentait bon le serpolet et la sauge.
Arrivée dans le bois, Jacotte chercha un bon emplacement
pour installer son nid et Pénélope, parvenue au même endroit en suivant les
indices laissés par son amie, déplia une chaise pour ne pas salir sa jolie robe
Vichy à la mode Bardot.
Elle sortit de son panier un ouvrage à broder et se mit au
travail, heureuse de sentir les effluves parfumés du sous-bois, jacinthes et
violettes en dominante.
Un vent léger souffla sur sa nuque et un galop de soleil
illumina la clairière dans laquelle elle se trouvait.
Relevant la tête, elle aperçut un liseron gigantesque qui
déployait ses corolles nacrées, roses et lumineuses.
Au même instant, la fée Livre d’or lui donna la taille de la
petite Poucette et elle se mit à grimper sur la liane du liseron avec l’agilité
du marsupilami qui errait dans tous les livres d’aventures destinés aux
enfants.
De fleur en fleur, Pénélope parvint à la cime d’un arbre
gigantesque qui dominait le bois.
Un lutin charmant, tout semblable à ceux que l’on aperçoit
dans la forêt de Brocéliande vint lui tenir compagnie et Pénélope se laissa
conter fleurette avec délices car, pensait-elle, cette aventure n’aura pas de
lendemain, ce en quoi elle se trompait puisqu’elle resta à jamais dans le bois
joli sous la forme d’une fée Clochette, aux ailes diaphanes et aux pieds ornés
de volutes végétales qui lui permettaient de se déplacer à la vitesse de l’éclair.
Leurs noces furent champêtres et Jacotte eut le privilège de
jeter dans les sous-bois des fleurs de liseron pour célébrer l’événement.
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