L’aventure de la
princesse Camélia
Poussée par un vent aux parfums de jasmin et de rose, la
princesse Camélia, dans son joli carrosse tracté par des licornes, parcourut
des lieues avant de choisir son point de chute.
C’était un domaine séduisant comprenant une vaste demeure de
briques roses où couraient des lianes de glycines et un grand parc aux
multiples essences se terminant par un étang où nageaient des cygnes et des
sarcelles.
Elle descendit de son carrosse et gravit les marches du
perron, suivie par sa dame de compagnie qui se chargeait le plus souvent de lui
épargner les mauvaises surprises.
Dame Éliette la précéda à la dernière minute afin de pallier
tout inconvénient et c’est avec bonheur que les deux dames découvrirent un
vestibule si bien décoré qu’il semblait avoir été créé pour des fées.
Des serviteurs se précipitèrent pour leur offrir le
meilleur, chambres contiguës et bains d’essences aux arômes puissants pour se
délivrer des inconvénients du voyage, robes quasi féeriques dans la plus jolie
mousseline qui se puisse trouver.
La princesse et sa camériste, vêtues et coiffées pour une
soirée de gala, attendirent sagement qu’on vienne les chercher et dans cette
attente, elles lurent les pages d’un livre qui leur parut adapté à la situation :
Le carrosse d’or en était le titre.
Elles ne virent pas le temps passer tant les aventures des
héros étaient prenantes mais enfin, il fallut se résoudre à poser le livre en l’ayant
signé d’un marque-page et descendre dans la salle à manger où brillaient le
cristal des verres et l’argent ou le vermeil des couverts.
Des chandeliers éclairaient la table nappée d’une somptueuse
nappe brodée.
Le maître de maison, élégamment vêtu d’un pourpoint de
velours et d’une culotte de soie, leur baisa la main et se mit en devoir de se
présenter.
Le prince Anatole avait des origines slaves et sa haute
stature faisait de lui un homme que l’on ne pouvait ignorer.
On servit : vol-au vent de volaille à la crème,
poularde aux morilles accompagnée d’un lit d’oseille reposant sur une purée de
butternut, fromages diversifiés et pâtisseries orientales et crèmes parfumées
furent appréciés comme il se doit.
Des violonistes entrèrent dans la salle lorsque les reliefs
furent desservis et des danses langoureuses ou scintillantes éclatèrent pour la
joie des dames qui étaient aux anges d’être traitées avec un tel raffinement.
Dame Éliette s’éclipsa la première afin de laisser sa maitresse
en tête à tête avec ce beau prince qui lui semblait destiné.
Les violonistes partirent à leur tour et les deux têtes
princières restèrent côte à côte avant de se retirer dans un charmant boudoir
où le prince Anatole eut le loisir d’ouvrir son cœur et de déclarer sa flamme.
Les deux amants passèrent des heures charmantes et lorsque
les premières lueurs de l’aurore apparurent, ils décidèrent de prendre un peu
de repos avant de proclamer leurs noces imminentes.
Ce fut le dernier voyage de la princesse Camélia car elle
avait enfin trouvé son havre de paix et de bonheur.
Dame Éliette resta à son service exclusif et le carrosse
attelé aux licornes fit par la suite, la joie des petits princes et princesses
qui naquirent de cette belle union.
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