La
chanson de Lilwen
Les
larmes de la nuit m’ont nimbée de lumière et je suis partie à la recherche des
sources perdues. J’ai suivi le chemin des lucioles, marchant sur la mousse pour
ne pas déranger le rossignol. Lorsqu’enfin je suis arrivée au bord de la
rivière, j’ai écarté les roseaux et les jacinthes sauvages pour offrir à la
terre le filet d’eau pure qu’elle attendait pour renaitre et voir refleurir les
vergers.
Jadis
la fée Viviane m’offrit tous ses secrets. J’ai traversé les âges avec la
mission d’aider les hommes à préserver le don précieux qui leur a été fait à la
mort des mammouths. Mais hélas ! toute la magie de ma marraine a été
impuissante face à la cupidité croissante des ingrats qu’elle avait comblés.
J’ai
encore en mémoire l’odeur des blés et de la vigne ; la laine des agneaux couvre
mon corps d’une cape neigeuse, chaude comme les braises où brulent les marrons.
Je veux que ce monde perdu renaisse de ses cendres et que l’on retrouve la
douceur des soirs d’automne, les grappes de raisin, les couleurs enfiévrées des
feuilles qui tourbillonnent en annonçant les soirs de fête où l’on vibrera au
son de la cornemuse.
Moi,
Lilwen, la belle, celle que tout le monde vénérait pour sa beauté, je suis
prête à quitter ces rives mais auparavant, je me dois de former celle qui me
succèdera pour veiller sur les terriens.
Ensuite
je partirai dans la barque du Roi Arthur et je rejoindrai le bel aréopage au
royaume d’Avallon.
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