Framboise, princesse des Landes
Dans les Landes, naquit une petite fille aux joues si
fraîches et si roses que ses parents la prénommèrent Framboise et l’élevèrent
comme s’il se fût agi d’une princesse.
Ils vivaient dans la forêt et habitaient une maison
traditionnelle, se nourrissant des produits de leur environnement, miel, fruits
et légumes en tout genre qu’ils cultivaient avec amour, vendant le surplus de
leurs conserves au marché de la commune à laquelle ils étaient rattachés.
Lorsqu’elle fut en âge d’aller à l’école, Framboise se fit
de nombreux amis et les jours de vacances, la petite bande mettait de la gaieté
dans les environs de leurs habitations.
Myrtille, Capucine, Clémentine, Aurélien, Julien, Gabriel et
Dorothée étaient unis pour inventer mille et un jeux, inspirés par la nature.
Ils construisirent un bateau, un train et des poupées virent
le jour avec l’aide de leurs parents.
Ces poupées furent introduites au marché et connurent un vif
succès.
Le temps passa et un jour, un prince venu de l’Europe centrale, Eugène de Bavière, se perdit dans
les sentiers de la forêt, heurtant à la porte d’une auberge réputée dans la
région pour servir des plats régionaux pleins de saveur et d’offrir une
magnifique hospitalité.
Le prince se plut dans ce relais et en fit son pied à terre.
Il entama de belles promenades et tomba nez à nez avec la
jolie Framboise qui s’était promis de rapporter des champignons à la maison
pour en faire la base parfumée d’une omelette avec les œufs du poulailler.
Elle fut si surprise qu’elle en laissa tomber son panier et
qu’elle se mit en devoir de les ramasser, aidée dans cette tâche par le prince
qui en profita pour l’admirer à la dérobée.
Elle était si belle avec ses boucles dorées qui cascadaient
sur ses épaules, ses beaux yeux bleus et son teint qu’aucun fard ne soulignait
qu’il en tomba éperdument amoureux.
Il la quitta, troublé, ému et transi.
De retour à l’hôtellerie, il s’informa discrètement de la
situation de la jeune fille rencontrée dans les bois et il obtint de nombreuses
louanges.
Le prénom Framboise l’enchanta positivement et il chercha à
revoir cette apparition qui incarnait si bien l’âme de la forêt landaise.
Une nouvelle occasion lui fut donnée car la jeune fille vint
d’elle-même dans les cuisines de l’auberge pour proposer les premières asperges
du printemps.
Le prince l’invita à dîner le soir qui lui conviendrait, ce
que la jeune fille accepta avec enthousiasme car si elle fournissait
régulièrement l’auberge en produits fermiers, il ne lui était jamais arrivé de
déguster un menu dont tout le monde, aux alentours, célébrait les délices.
Le soir du dîner, on servit ce que les cuisiniers
réservaient aux hôtes de marque mais les jeunes gens étaient si distraits qu’ils
ne prirent pas garde au contenu de leur assiette.
Leurs âmes étaient au diapason et ils se quittèrent à grand
regret.
Le lendemain, le prince était à la porte de la modeste
demeure de la jeune fille et il fit sa demande en mariage en bonne et due
forme.
Les parents de Framboise furent à peine étonnés car ils
avaient toujours pensé que le destin de leur fille était princier et que le
hasard lui permettrait de trouver son véritable écrin.
Les noces furent célébrées en Bavière et Framboise eut la
joie de se voir entourée par ses parents qui avaient accepté de suivre leur
fille en cet exil doré où ils se trouvèrent bien, les forêts de Bavière étant
jumelles de leurs landes bien aimées.
La légende courut dans les environs de Magescq et de
Marquèze et l’on créa, à l’auberge, un entremets que l’on baptisa Framboise, en
souvenir de la jolie jeune fille qui avait enchanté la région.
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