Le cou orné d’un
collier de turquoises vertes d’Amazonie, vêtu d’un pagne en fibres végétales,
le Roi de la Forêt se déplace dans un nuage de papillons et de colibris.
Il nage avec délices
lorsque l’occasion lui est donnée de pouvoir se mirer dans une étendue d’eau
consacrée par les divinités des forêts. Le roi et son cortège rivalisent
d’adresse et s’adonnent aux joies multiples du bain. Étendu sur la rive pour bénéficier des rayons du soleil, le
roi ferme les yeux et se laisse envelopper dans une bulle verte et bleue. Il
vogue dans un esquif sur des rivières profondes, parcourant des lieux
enchanteurs. Son royaume est si beau qu’il souhaiterait le partager avec une
jeune femme dont il dirait le nom comme le plus beau des secrets et ô miracle !
elle surgit à ses côtés. Les bijoux ornent son corps et elle les enlève un à un
pour ne pas blesser son bel amant.
Le roi, de son côté, a
posé sur l’herbe les turquoises vertes qui s’échappent pour retrouver leur
écrin naturel à mi-chemin entre les pierres et les arbres siffleurs. L’étreinte
des divinités engendre une série de cascades qui rebondissent sur les lacs
environnants.
Le Roi de la Forêt
emmène sa bien aimée au plus profond de son âme et tous deux prennent le chemin
d’un itinéraire connu d’eux seuls pour vivre leur amour en toute plénitude.
Et pendant ce temps,
ce bel amour qui se concrétisera par des naissances prometteuses, la cognée des
bûcherons a trouvé sa cadence, les indiens fuient épouvantés et les machines
destructrices broient morceaux par morceaux cette belle forêt, poumon du Monde.
« Bûcheron, arrête un peu le
bras ! » disait déjà Ronsard au XVIème siècle en
prenant position contre la destruction de la forêt de Gâtine, en son beau pays
de Loire.
Puisque le Roi de la Forêt suit une tradition et
refuse de voir une vérité qui le dérange, j’en appelle aux fleurs, aux
papillons, aux oiseaux, aux humains pour crier de toutes leurs forces
« Halte à la destruction de ce qui reste l’un des derniers paradis
terrestres, l’Amazonie ! ».
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