Ils sont venus de
loin, les cavaliers, s’échappant parfois des romans de Chevalerie, prêts à
réincarner les douze chevaliers de la Table Ronde ou s’ingéniant à conforter le
difficile rôle du cavalier des sables, traversant le nord de l’Afrique pour
perpétuer un idéal forgé dans le désert.
Ils sont venus, les
cavaliers, ils imprègnent le sol du martèlement des sabots de leurs montures,
ils veulent un espace. Les jeunes filles, à leur passage, leur jettent des
roses et des bijoux personnels, gages de leur ferveur.
À la recherche d’une forêt digne de ce nom, ils vont à l’aveugle,
portant sur leur écu la devise de leur reine.
Il y a là Flamboyant
le Magnifique, Flandrin le héros au grand cœur et tous leurs compagnons. Les
chevaux se fatiguent et réclament une halte.
Dans une hostellerie
que n’auraient pas désavouée les Trois Mousquetaires et D’Artagnan, les chevaux
sont soignés par des palefreniers et se reposent à l’écurie tandis que les chevaliers
festoient en se régalant de bonnes volailles farcies de champignons et de
préparations aromatisées d’un soupçon d’Armagnac puis de salades d’oranges à la
cannelle et à la menthe.
Repus et reposés, ils
reprennent la route, déçus par les étendues forestières réduites à une peau de chagrin.
Ils vont y planter la
tente et s’efforcer de rallier à leur cause des citadins désabusés, errant dans
des quartiers en ruines, en proie à des guérillas incompréhensibles.
Ici, on défend un bloc
d’habitations enlaidies par des impacts de balles et détériorations diverses,
là on se bat au couteau, à l’ancienne, en suivant les rites de voyous du siècle
dernier, les Apaches !
Patients, livres et écritoires à portée de main, les
chevaliers attendent la venue des enfants perdus pour leur redonner idéal et
goût de l’aventure !
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