Un jour, les fleurs
des champs, bleuets, marguerites, coquelicots, pâquerettes et tant d’autres
merveilles comme les boutons d’or se révoltèrent et décidèrent de disparaître
momentanément des prairies. Ainsi on ne voulait pas reconnaître leur beauté à
leur juste valeur ! Elles étaient absentes des bouquets prestigieux que
des hommes offraient à l’élue de leur cœur ou des femmes et des enfants à leur
entourage. Soit ! puisqu’elles étaient absentes, si ce n’est pour
commémorer les morts de la Grande Guerre, Coquelicots en Grande Bretagne et
Bleuets en France, elles brilleraient par leur absence.
Il se fit soudain un
grand vide ; prairies, sous-bois et champs de blé perdirent leur parure et
les enfants furent les premiers à déplorer cette perte. Finis les jeux
enfantins « aimes-tu le beurre ? » en mettant un bouton d’or
sous le menton d’un ami. Puis ce furent les amants qui ne purent continuer à
effeuiller la marguerite « je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à
la folie », trichant un peu pour tomber sur « passionnément » ou
« un peu » pour taquiner leur belle.
Les fleuristes
poussèrent de hauts cris : le temps du muguet, ornement indispensable du 1er
Mai et fleur porte bonheur allait arriver et si les maraîchers produisaient de
belles récoltes, rien ne pouvait remplacer les fleurs que l’on cueillait dans
les sous-bois, odorantes et fleurant bon l’or blanc des forêts.
Alors la fée des
fleurs entra dans la ronde, rassura les fleurs des champs en leur annonçant qu’un
grand concours en poésie et en peinture serait bientôt lancé sur le thème des
ornements champêtres. Pour le bonheur de tous, la parure originelle refleurit
et chacun se jura de l’honorer comme il se devait.
Des jetés de fleurs
ornèrent les nappes, fleurissant sous les doigts des brodeuses et les poètes
jetèrent sur parchemin les mots dorés de réconciliation des deux mondes, celui
du petit peuple et l’autre, marchant en bas de soie dans les palais mondains.
Les peintres tracèrent du pinceau une valse de fleurs
et l’une d’elles ! la plus talentueuse, Jocelyne Guinot, inventa le swing
des fleurs pour notre plaisir le plus féerique.
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