Les roses de la nuit ont envahi mon âme et l’ont emmenée dans
les mines d’or du roi Salomon. La reine de Saba est arrivée dans son char tiré
par des juments blanches et est apparue dans toute sa splendeur, l’orient de
ses yeux fascinant les hommes avec l’ardeur du cobra.
Humble servante vêtue
d’une tunique de lin, je me suis tenue à l’écart de ces personnages fabuleux.
Je ne pouvais pas être scribe puisque j’étais une femme alors j’ai broyé des
plantes pour en extraire des couleurs et j’ai peint mille soleils sous la forme
de visages féminins, de fleurs et de paysages féeriques puis ma tâche achevée,
j’ai roulé toutes ces toiles dans un tombeau pyramidal et j’ai attendu le jour
propice pour les rendre au jour.
Les roses de la nuit
ont envahi mon âme et l’ont embellie, lui donnant la consistance d’un cristal
de Bohème si pur et si fragile qu’il suffit d’un chagrin pour qu’il se brise.
Mais qui pourrait me
donner un tourment si grand pour que je meure dans un noir ouragan ?
Le vent seul m’en donna
la réponse, le souvenir tragique d’un grand amour déçu, la mort d’un poète, l’orage
fou qui gronde chez les hommes, apportant le déclin d’une histoire et la
disparition des chênes, ma vie liée à tous ces événements si loin du temps
présent, des roses et des lys en ces jours conquérants où la nuit parle d’amour.
Les roses de la nuit m’ont laissée, apaisée et rompue,
un sourire au bord des lèvres pour toujours.
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