Des fuchsias géants glissèrent sur le parquet vernis et
entraînèrent d’un pas dansant Dames Bleuets, Pivoines et Roses et ce fut un
enchantement pour les yeux.
La musique était à la hauteur
de l’événement, un bal donné en l’honneur d’une petite Angélique, petite
princesse née de l’amour du dieu de la rivière et de son épouse bien aimée, la
sublime Aurore aux doigts d’argent.
Mais alors que tous
dansaient avec noblesse et élégance, un aigle noir perturba l’assistance et s’empara
d’une petite fille conviée à la fête pour son apparence angélique.
Quel émoi ! Le
dieu de la rivière revêtit sa cuirasse de vermeil où caracolait le dieu du
soleil en son char ardent. Il partit sur les traces du prédateur avec une
escorte de gardes fidèles et finit par trouver la pauvre enfant, en pleurs,
dans un buisson. Une plume d’aigle était fichée sur un parchemin où l’on put
lire ces mots : « Ceci est un avertissement ; je réclame l’autonomie
du ciel. Tant de peuples ont disparu, les Indiens d’Amérique pour avoir cru en
la parole des Blancs : je veux que la nature ne soit pas résumée en une
mince rivière qui gazouille sur les cailloux où l’or se fait rare. Je suis le porte-parole
de ceux qui n’ont que leurs mains pour s’offrir nourriture et logement ».
Le dieu prit l’enfant par la main, lui promit jouets et robes et rentra au
palais, pensif et décidé à agir.
Il fit encadrer le
parchemin dans un cadre d’or et ordonna à ses conseillers de quadriller son
petit royaume pour découvrir les besoins de toutes les personnes humbles qui
faisaient remonter au palais impôts et denrées à bas prix.
Chacun fut, à dater de
ce jour, mieux rétribué, et lorsque le temps des épousailles fut arrivé pour la
belle Angélique, le peuple en liesse lui offrit mille merveilles et l’on dansa
encore le menuet. Mais cette fois, aucun événement fâcheux ne se produisit car
tous, à la cour, avaient pris conscience du fait que le petit peuple était la
source première des richesses du royaume.
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