Perle de feu recevait des messages par pigeons voyageurs et elle était ainsi toujours en symbiose avec le chevalier Gwendal qui l’assurait de sa fidélité.
Elle commença un roman, heureuse de sentir la plume crisser sur le parchemin.
Fidèle à la tradition ancestrale de l’île, elle transformait son idylle en légende et les feuillets se couvraient de sa belle écriture.
Lorsque le premier chapitre fut achevé, elle recourut aux services d’un enlumineur de sorte que son roman eut l’apparence des œuvres médiévales qui enchantaient les lettrés d’une rive de la Méditerranée à l’autre.
Telle Pénélope, elle faisait un ouvrage digne du voile de mariée qu’elle tissait le jour et défaisait la nuit pour donner à Ulysse, son cher époux, le temps de revenir en son royaume et de châtier les princes qui, le tenant pour mort, lui imposaient de choisir le nouveau roi d’Ithaque.
Perle de feu souriait en écrivant, elle se disait que son chevalier breton serait de retour dès que son roman aurait son point final.
Mais ce jour arriva et il n’y avait pas la moindre voile à l’horizon.
La princesse peaufina son livre, un véritable brûlot d’amour, l’intitula Cœur de perle et en fit faire des copies qu’elle envoya dans les royaumes dont elle connaissait l’existence.
Un ingénieur du palais conçut un appareil volant extrêmement judicieux en s’inspirant du vol des albatros.
Plusieurs oiseaux d’acier survolèrent les océans, téléguidés, porteurs d’un exemplaire de Cœur de perle enveloppé dans une pochette de soie cachetée par un collier de perles.
L’un de ces oiseaux se posa dans une clairière, déposant son précieux colis au pied d’un chevalier qui semblait égaré en ce monde.
« C’est un cadeau du ciel » murmura cet homme que l’on aurait trouvé beau s’il avait été vêtu d’un costume digne de son rang.
Il trempa ses mains burinées dans un ruisseau, les essuya avec un pan de son manteau et se mit en devoir de lire le roman.
Le rideau de brume qui obscurcissait son esprit malade se déchira grâce à cette lecture salvatrice.
Gwendal de Rohan car c’était bien lui ,retrouva l’essence de son être.
Que lui était-il donc arrivé ?
Avant de répondre à cette question, revenons au présent.
Sa lecture achevée, Gwendal chercha un gîte sûr.
Un ermite lui offrit l’hospitalité.
Le chevalier retrouva des forces en savourant un potage forestier, du bon pain bis et du beurre de baratte.
Il but de la bonne eau fraîche et sans avoir eu besoin de donner des explications à son hôte, s’allongea sur un lit de paille en serrant Cœur de perle sur son cœur.
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