De retour en Bretagne, Gwendoline retrouva vite ses automatismes. Elle n’avait cessé de penser à sa fille durant toutes les années passées en Louisiane. Elle recevait régulièrement de ses nouvelles : le choix de Louis Le Cam pour assurer l’éducation de la jolie Lilwenn, baptisée Louison, s’avéra excellent.
Derrière le rideau entrouvert de sa calèche, Gwendoline admirait la grâce et la modestie de sa fille les jours de marché.
« Puisse-t-elle ne jamais retrouver un Arsène Lupin des cœurs » pensait-elle car le père de l’enfant avait laissé en elle une marque indélébile de sorte qu’elle ne s’était jamais mariée, en dépit du charme et de l’honnêteté de prétendants prêts à l’aimer et à l’épouser.
Elle avait enfin décidé de recevoir Lilwenn en son manoir, celui qui serait le sien à sa mort.
Le don de robes avait été spontané mais Gwendoline résolut de franchir un pas décisif pour la reconnaissance formelle de la jeune fille.
Elle fit venir son notaire et établit un acte par lequel elle révélait l’identité de l’enfant connue sous le nom de Louison Le Cam.
Joignant une preuve ADN, Gwendoline mentionna le nom du géniteur Jean Le Guen et son adresse. Elle ne manqua pas de stipuler que le triste sire, séducteur notoire, n’était pas au courant de la naissance de sa famille et que l’on ne pouvait lui accorder des droits paternels au vu de son indignité.
Dans cet acte, elle loua le rôle de Louis Le Cam et de sa sœur jumelle Camélia pour l’amour donné à une enfant trouvée dans un berceau de blés mûrs.
Passant à la seconde phase, elle rédigea son testament.
Son domaine, le manoir et la majeure partie de sa fortune revenaient à sa fille Lilwenn.
De fortes sommes étaient allouées à Louis et Camélia Le Cam en remerciement de l’éducation parfaite donnée à l’enfant des blés d’or.
Ses fidèles serviteurs n’étaient pas oubliés. Grâce à la petite fortune dont elle les gratifiait, ils pourraient repartir en Louisiane où ils avaient aimé vivre. La belle hacienda serait désormais leur propriété.
Cette tâche achevée, Gwendoline reprit ses activités. Elle commença le récit de sa vie afin que sa fille soit parfaitement éclairée sur la personnalité de sa mère.
Elle ne put terminer son récit car une épidémie de grippe la frappa.
Clouée au lit, ses dernières pensées furent pour l’amour caché de sa vie, sa fille et elle rendit l’âme, enfin apaisée de ses tourments.
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