En moissonnant son champ à l’ancienne, Louis Le Cam eut la surprise de découvrir, blottie dans un cercle de blés d’or, une petite fille reposant dans un moïse rose joliment capitonné.
La petite merveille ouvrit les yeux et lui sourit.
Tout ému , Louis la prit dans ses bras et la baptisa Louison.
Devenu papa par un coup du destin, il laissa sa faux dans le champ et emporta ce petit trésor chez lui.
Il se mit en devoir de lui préparer un biberon.
Louison but son lait sans faire de manière et s’endormit.
Il n’y avait aucune lettre explicative ni même un simple mot dans le couffin. La maman, sans doute désespérée, avait déposé une mini layette au fond du berceau. Biberon, tétine et couches s’y trouvaient également.
Louis pensa avait satisfaction qu’il aurait le temps d’aller en ville acheter le nécessaire, berceau, table à langer, baignoire pour bébé, chaise haute et un trousseau complet. Un stérilisateur et des biberons complèteraient la liste de nécessité et un parc pour favoriser les premiers pas de l’enfant.
Il repartit au champ, termina sa tâche, changea l’enfant au retour et la mit en pyjama pour la nuit.
Les jours suivants, il acheta tous les éléments destinés au confort de l’enfant et invita sa sœur jumelle Camélia à s’installer chez lui pour l’aider à élever l’enfant.
D’un commun accord, ils décidèrent de l’élever en secret.
Louison grandit dans ce foyer improvisé et elle ne manqua de rien.
Camélia lui apprit à lire, à écrire et à compter et elle lui donna une solide instruction en Histoire, Droits civiques, Littérature et Sciences Naturelles.
Par ailleurs, elle l’initia à l’art du tricot, de la couture et de la broderie.
Louison adorait aider Camélia à la cuisine et elle apprit à confectionner les plats typiques de la région, le pot-au-feu, la rouelle de jambon mijotée aux légumes de saison, le far breton, les crêpes et elle devint experte dans la confection des galettes de sarrasin.
Elle fit sensation lorsqu’elle apparut pour la première fois au marché, en compagnie de Camélia : elle y vendait ses produits, œufs, poulets plats préparés pour arrondir les revenus de la maison.
Chacun voulut connaître l’origine de la jeune fille. Camélia invoqua un lien de parenté avec sa mère et brisa les investigations en invoquant le respect dû à la famille.
Il arrivait également que Camélia se rende au manoir, à la demande de la comtesse Gwendoline de Coëtlogon pour livrer les produits de la ferme.
Généralement elle était reçue à l’office et n’avait affaire qu’à l’intendant du manoir.
Cependant, le jour où Louison l’accompagna, Camélia eut la surprise de se voir inviter au salon avec sa parente.
La comtesse les reçut chaleureusement. Elle leur proposa une tasse de chocolat.
Les invitées étaient impressionnées par le mobilier précieux de la pièce.
Gwendoline les mit à l’aise en leur parlant amicalement. Elle offrit à Louison de jolies robes qu’elle avaient portées dans sa jeunesse.
« Elles vous iront à ravir dit-elle avec simplicité et vous les porterez pour l’amour de moi ».
Sur ces paroles singulières, les deux femmes quittèrent le manoir, emportant un bagage imprévu en supplément de la bourse de louis d’or donnée pour paiement des produits naturels de la ferme.
La comtesse les regarda s’éloigner puis elle se retira dans sa bibliothèque où elle reprit ses travaux.
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