Dans un livre de contes magnifiant la Volga, ses princesses et ses bateliers, l’une des héroïnes d’une chanson romantique, Véra, s’échappa pour retrouver son amant de cœur.
Le batelier de la Volga eut une certaine vogue dans les Hauts de France où l’on avait appris le dur labeur quotidien.
Des péniches circulaient sur la Scarpe et l’Escaut. Un chemin de halage était conçu pour permettre aux chevaux de suppléer à l’effort humain lors des passages difficiles.
Les ouvriers tullistes de Caudry rentraient tard le soir dans leur modeste logis où les attendaient des épouses dévouées qui avaient à cœur de préparer un potage réconfortant, de la viande mijotée avec les légumes du potager, du fromage de pays, souvent du Maroilles et des gaufres fourrées à la vanille qui attendaient leur tour près de la cuisinière au bois.
Ces ouvriers croisaient parfois les bateliers qui avaient hâte de se mettre au chaud dans le recoin de la péniche qui leur était réservé.
Un soir, un batelier, Christian, aperçut une folle lueur qui se déplaçait à la surface de l’eau à la vitesse d’une étoile.
La forme vaporeuse se solidifia et le batelier éperdu vit jaillir à ses côtés une princesse de contes de fées, une véritable merveille.
« Je suis Véra, la princesse de la chanson dont tu es le héros, beau batelier au torse musclé par l’effort quotidien » dit l’apparition et elle prouva son incarnation en s’abandonnant aux étreintes fougueuses de son amant.
Au petit matin, il n’y avait plus de princesse mais le froissement des draps prouvait au jeune homme qu’il n’avait pas rêvé.
Une brigade de chardonnerets et de rouges-gorges lui apporta son petit déjeuner, un grand bol de chicorée au lait et des tartines de pain beurrées agrémentées de miel d’acacia et de confiture de rhubarbe.
De petites roses en forme de cœurs fondants aux amandes enjolivaient le plateau.
Christian se rassasia du cadeau ultime de la princesse.
Cet intermède festif terminé, Christian se vêtit chaudement et protégé par son harnais de sécurité, il rejoignit le chemin de halage pour guider les mariniers de la péniche rebaptisée Véra à travers les méandres du fleuve.
« Véra, belle princesse, fleur de noblesse au pur sang bleu, au gentilhomme austère, elle préfère le pauvre gueux ».
Le cœur gonflé d’amour, à l’évocation de sa dame, Christian salua gaiement les tullistes qui se dirigeaient vers leur usine et continua son travail en rêvant à une prochaine nuit passionnée.
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