Dans les vastes ateliers vides, les ouvrières, abattues, se tordent les mains de désespoir.
La passementerie à la française, finie, les dentellières regardent leurs doigts qui, dorénavant, resteront au repos.
Un monde finit et un autre s’installe, noir, inquiétant, plein d’inquiétudes et de rancœurs.
Le bouclier d’Achille fut la dernière œuvre du dieu Héphaïstos.
Quel sera le chef d’œuvre final de la France qui a engendré tant de génies, de Bernard Palissy à Louis Renault et André Citroën ?
Les capitaines d’industrie s’en sont allés, laissant la place à des financiers qui manipulent les actions en se servant de marionnettes dont ils tirent les fils, à distance, pour ne pas se salir les mains.
Les bottiers, les chapeliers, les modistes, les tullistes, les petites mains des grands couturiers ont été renvoyés ou délocalisés pour le bénéfice de pays indifférents à la souffrance ouvrière.
Un Victor Hugo ne vendrait plus ses livres, on lui préfèrerait un romancier maniant l’intrigue avec maestria.
La pensée s’est enfuie, chassée par la multiplication de boites à succès.
Seule fleurit la chanson, poussant sur les pavés en se mêlant au chiendent.
L’ombre de ma tante Marie qui voua toute sa vie à la dentelle vogue dans les ateliers désertés. Elle pose sa main amoureusement sur un métier Jacquard et le remet en marche, mettant à jour la dentelle d’amour qui sublima tant de personnalités, la dernière n’étant autre que la princesse Kate lors de son mariage avec le prince William.
Peuple laborieux, réveille-toi, révolte-toi, ne laisse pas partir les joyaux du patrimoine, rends-nous la fierté du devoir accompli.
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