mercredi 15 janvier 2025

Une fête grandiose

 



Toute la journée on prépara Anne-Lise à vivre de somptueux moments.

On l’apprêta avec minutie : bains et soins en tout genre, manucure, dessins au henné sur les mains, pieds massés et enveloppés dans des feuilles odorantes, cheveux tressés et relevés de manière artistique se succédèrent, entrecoupés de pauses-goûters pour avoir l’estomac léger.

Bouchées au miel d’acacia, lait de chèvre, bol de soupe d’orge et petits pains au sésame furent servis, savamment dosés.

Le moment de la toilette proprement dite arriva et il fallut deux bonnes heures pour que la jeune femme apparaisse dans tout son éclat.

Sa robe venait de Fès et valait son pesant d’or tissé dans le brocart.

Un léger voile vaporeux blanc laissant apparaître son beau visage, Anne-Lise fut placée dans un fauteuil d’ivoire tapissé de velours puis on la porta solennellement jusqu’à la salle où l’attendait le prince Ali sous les youyou traditionnels.

Le prince Ali vêtu de brocart vint à sa rencontre, l’aida à descendre de son piédestal, enleva délicatement son voile et la conduisit à la table.

Il ordonna qu’on soulage la jeune femme en lui  ôtant des accessoires  pesants.

Anne-Lise lui en sut gré car sa robe d’apparat était si lourde et encombrante qu’elle ne s’imaginait pas participer à un repas.

Elle se changea derrière un paravent. La robe légère et vaporeuse revêtue lui permit de goûter les merveilles gourmandes préparées avec le plus grand soin par des cuisiniers étoilés.

Salade berbère, Briouates au poulet, tajine de l’oasis, boulettes de kefta, petits pois à la menthe et pommes de terre, pâtisseries diverses et chahia en pyramide se succédèrent avec éclat.

Anne-Lise mangea quelques bouchées de chaque plat présenté pour rendre hommage au talent des personnes qui avaient œuvré pour la réussite d’un menu exceptionnel.

Elle but du thé à la menthe et du sirop de rose.

Le prince Ali mettait à mal chaque plat présenté et il félicita chaleureusement la brigade de cuisiniers qui avait fait de ce moment un prélude paradisiaque.

Des joueurs de luth, des danseurs, des jongleurs et des poètes brodant les épisodes du conte Flor et Blanchefleur constituèrent un moment où le temps sembla s’arrêter.

Lorsque les artistes se retirèrent, le prince prit la main d’Anne-Lise, ordonna qu’on lui apporte un burnous fin et chaud. On la chaussa de bottines fourrées. Ainsi équipée, Anne-Lise prit la direction des jardins au bras du prince.

La surprise finale était un feu d’artifice où la rose était centrale. Elle éclata sous toutes ses formes, créant l’enchantement.

La jeune femme avait l’impression de devenir une rose et lorsque le prince Ali l’enlaça tendrement, s’apprêtant à lui donner un doux baiser, elle se sentit projetée dans l’air parfumé et se retrouva au cœur de la maison du village-poème où l’aventure avait commencé.

Heureuse de retrouver son autonomie, Anne-Lise se déshabilla, revêtit une chemise de nuit brodée à la mode victorienne et s’endormit en rêvant qu’un poète lui offrait son cœur.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire