Jadis, des intrigues se nouaient dans les trains qui devenaient générateurs du rêve. L’amour, la passion se développaient au rythme du rail, se métamorphosant parfois en drame conduisant à la folie, au crime et à la mort.
Les romans russes des siècles passés offrent une large part à la destinée issue des conversations de voyageurs trompant l’ennui d’un long parcours.
Le prince Muichkine entend parler pour la première fois d’Anastasia Philipovna dont la beauté ensorcèle les hommes dans un wagon de troisième classe où les conversations vont bon train.
Anna Karenine écoute une mère vanter les mérites de son fils dont elle tombera amoureuse au premier regard sur le quai de la gare où ils seront présentés. La mort accidentelle d’un ouvrier broyé par les roues inexorables du train est le signe prémonitoire de la fin tragique de l’héroïne du roman.
Aujourd’hui, il est rare que l’on rêve dans un train. Le temps est escompté à la minute, à la seconde, chacun étant pressé de se rendre à sa destination avec l’exactitude maximale.
Qui n’a pas rêvé de voyager dans l’Orient Express qui inspira à Agatha Christie un inoubliable roman ?
Ce train mythique existe encore et a été rénové. On en rêve, on l’emprunte mais le charme semble rompu.
L’irruption fréquente de bandits de grand chemin, s’emparant de l’or et des bijoux des voyageurs a découragé plus d’un rêveur décidé à joindre Istanbul qui n’est plus le centre millénaire d’une fabuleuse civilisation.
On préfère rester chez soi et voyager par le biais d’un livre, d’un film ou d’un souvenir.
Que reviennent les trains de l’aventure, du mystère et de l’amour, reléguant l’obsession du temps aux fins fonds de l’oubli !
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