Le blason oublié
Il se raconte, le soir, dans les chaumières, que le blason
des comtes du Hainaut disparut en même temps que l’on démantelait le château,
pierre à pierre, pour redonner de la vie au village, tant de fois incendié !
C’est une petite fille qui le trouva au milieu d’un
amoncellement de rosiers où Alice aurait aimé se faufiler pour rattraper le
lapin blanc.
« D’or et d’azur semé de marguerites, les fleurs du
non-retour »
Les fleurs ornant le blason servaient d’écrin à la devise et
embellissaient ce joyau des comtes, en forme d’écu, ce qui était la preuve de
son authenticité.
La petite fille, prénommée Marguerite, ce qui signifie « perle
baroque » décida de n’en souffler mot à personne et elle emporta le
précieux talisman dans sa chambre d’écrivain en herbe.
Maman l’avait autorisée à jouer les Colette en lui laissant
le privilège de passer quelques heures dans une cabane de rondins, baptisée par
Marguerite Le Donjon des Fées.
Elle les attendait chaque jour, enfermant dans une boite de
coquillages des traces de leur passage, pétales de roses ou perles de rosée
figées dans le cristal.
Marguerite grandit dans cet univers particulier et devenue
jeune fille, elle attendit que le prince charmant lui envoie un signe.
Ce signe tardant à paraître, elle sortit l’écu, toujours
caché dans le Donjon des Fées.
Elle lui rendit toute sa beauté initiale et en décora la
porte d’entrée de sa modeste demeure.
Et c’est ainsi que le miracle se produisit, le prince
apparut !
Il ne caracolait pas sur un cheval blanc et il avait plutôt
l’allure d’un financier savant, ce qui était l’apanage des temps, dits
modernes.
Marguerite n’entendait rien aux Mathématiques mais elle se
comporta en parfaite compagne d’un chevalier d’industrie qui respecta, en
contrepartie, le thème du blason de ses ancêtres, retrouvé pour l’éternité !
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