Dans sa balancelle brodée d’oiseaux du paradis, Dame Blanche
d’ Iroise rêvait à son île natale, fouettée par les embruns, et se laissait
bercer par le chant des sirènes qui l’incitaient au voyage, sur un voilier d’or.
Mais au moment précis où elle posait son pied chaussé de
satin sur la passerelle de la goélette, une colombe lui apporta un message.
C’était un parchemin, noué par une faveur turquoise, l’apanage
d’un amant qui lui avait entrouvert les portes d’un ciel à l’aurore éternelle
pour disparaître ensuite, la laissant seule et désorientée, avec un immense
amour, désormais sans objet.
Fébrilement, elle dénoua le ruban pour découvrir des mots
qui prêtaient, comme toujours, à des interprétations dignes de la Pythie :
« Les cieux déracinés t’attendent, mon aimée. La
colombe te montrera le chemin ».
Machinalement, elle posa son regard sur la colombe, pour
constater qu’elle avait disparu, laissant derrière elle un itinéraire poudré d’or
et de turquoises.
« Tel maître, telle messagère » soupira la dame et
elle s’efforça de transformer ses rêves d’amour inachevés en roses de broderie,
destinées à un jeté de table qui ferait la joie de ses invités.
A l’instant où elle nouait le dernier point à une rose
couleur de feu, son époux, Dom Juan de Saint-Thual déposa un baiser chaste sur
son beau front.
« Ne vous fatiguez pas trop, ma Mie ! Que
serais-je sans vous ? »
Et ces belles
paroles, simples et si vraies pulvérisèrent définitivement le souvenir du bel
amour fou qui s’était manifesté sous la forme d’une colombe, au chemin poudré de l’or des Incas à jamais disparus !
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