Le château de mon enfance était un château d’orgueil, juste
détourné d’un livre de contes de Charles Perrault, joliment illustré que je
connaissais presque par cœur à force de les lire, en compagnie parfois de mon
amie Annie que j’aidais à sauter de la fenêtre de sa chambre pour venir me
rejoindre.
Blotties dans un buisson de pivoines dont nous aimions le
parfum, nous vivions des heures enchantées, heureuses surtout d’avoir échappé à
un univers domestique où règnaient de méchantes fées, décidées à nous brouiller
avec les charmes de l’existence.
Annie dessinait tandis que je parlais et ce don lui est
resté.
Elle a beaucoup séjourné en Afrique, notamment au Mali et
elle y a esquissé ses plus beaux tableaux, expressifs au point de nous
restituer les parfums épicés des marchés.
Comme il était beau, ce château de mon enfance, fait de
briques roses et peuplés de papillons bleus !
J’avais inventé le métier de vendeuse de pétales de roses et
j’étais toujours surprise de me les voir refuser dans un porte à porte
surréaliste.
On m’offrait parfois un sucre d’orge et j’en étais ravie !
Ce joli temps de l’enfance ne reviendra plus mais il nous
reste, à Annie et à moi, à elle , les pinceaux et à moi, le porte-plume du rêve !
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