Les Enfants du Paradis
Au Paradis, c’était grand émoi : un grand concert se
préparait et pour l’occasion, Arletty avait revêtu sa plus belle robe et des
émules de Pierrot et Arlequin conjuguaient leurs talents à la guitare et à l’harmonica.
Johnny cherchait à faire une entrée remarquée mais sauf à
chevaucher un nuage en forme de mustang, il était difficile de trouver une idée pittoresque.
C’est alors que l’Archange Gabriel proposa ses services.
La scène se situerait au cœur d’un Mont Saint Michel
reconstitué et Johnny apparaîtrait dans la coquille des Pèlerins, avec sa
croix, dorée finement pour affirmer le symbole de l’éternité.
Ah mes amis, quel spectacle !
Les dernières chansons que nous ne connaissons pas si nous n’appartenons
pas au cercle de ses amis, étaient répétées avec le cristal d’une voix, fixée à
jamais dans la pureté de l’excellence.
Plus de douleurs pour notre rocker !
Il retrouvait son merveilleux jeu de jambes, éblouissant la
belle Arletty, si difficile à séduire !
De son côté, la cécité était tombée comme une étoffe de
velours noir et elle pouvait admirer l’extraordinaire bête de scène qu’était
Johnny, révélateur d’une génération à la recherche de l’amour.
Et l’amour, ici, au Paradis, ce n’était pas un vain mot !
Les anges avaient reçu l’autorisation de participer
activement au concert et des groupes s’étaient formés. Il y avait là des
décorateurs, des concepteurs de panneaux adaptés à chaque chanson, des
musiciens et des choristes.
Bref, le concert promettait d’être grandiose et dans sa loge
lumineuse, le chanteur se préparait minutieusement.
C’est alors que le rideau s’ouvrit et que l’aurore chassa ce
rêve d’amour.
Mais gageons qu’il reviendra, encore plus beau, encore plus
précis jusqu’à s’imposer en chacun de nous , dans l’attente de ce concert divin
que nous espérons passionnément !
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