Hortensia, la
gardienne du Graal
Les jours filaient à vive allure et les rendez-vous
quotidiens au Miroir aux Fées étaient devenus quasi sacrés pour Hortensia et
ses amis.
Un jour, il advint que la jeune fille arrive à l’aube pour
méditer en solitaire sur les rives de l’étang dédié aux fées.
En pleine méditation, elle vit une silhouette lumineuse
sortir de la pièce d’eau. Celle-ci déposa à ses pieds un calice de belle
facture, en or pur, serti de pierreries avec ces simples mots : c’est le
graal, prenez-en grand soin.
La silhouette disparut, laissant Hortensia pensive, prête à
l’action après en avoir décidé avec son groupe d’amis.
Les commentaires allèrent bon train et Anna n’eut de cesse
de raviver les mémoires de son auditoire concernant la quête du Graal, lancée
jadis par le roi Arthur pour remédier aux fléaux divers qui s’étaient abattus
sur le royaume de Brocéliande.
A l’issue de ce conseil exceptionnel, Hortensia décida de
renouveler les conditions de l’étiquette royale, notamment l’édification d’une
table ronde.
« Une fois le décor posé, nous entrerons dans le vif du
sujet et nous trouverons ce qu’il convient de faire puisque nous, nous avons la
chance de disposer du calice sacré » dit Hortensia puis elle rentra
rapidement chez elle pour prendre les mesures nécessaires à la réalisation de
ce beau projet.
Elle convoqua un architecte et lui demanda d’établir des
plans pour ériger une structure quasi princière auprès du Miroir aux Fées, de
forme circulaire si possible.
Puis elle commanda à un tailleur de pierres réputé, de
construire une table ronde en marbre rose.
Cette table où elle siégerait avec ses douze chevaliers,
comprenant, il va de soi, des femmes, ce qui était la principale nouveauté,
verrait naître des édits et des projets susceptibles de conserver toute sa
beauté à la légendaire forêt.
L’architecte lui apporta des plans qui furent approuvés par
le conseil.
La réalisation du palais fut mise en œuvre et bientôt on vit
surgir de terre une éblouissante rotonde qui retenait la lumière et la renvoyait
à des kilomètres à la ronde.
Laura de Beauregard capta cette lumineuse nébuleuse et elle
vint voir de près cette réalisation digne de l’époque du Roi Arthur.
Elle fut enchantée de constater qu’elle n’était plus seule,
désormais, à vouloir protéger la forêt et elle promit son appui à Hortensia,
adolescente d’exception qui honorait la terre de Brocéliande de sa bienfaisante
présence.
Elle proposa de fournir de l’argenterie et des armes
ciselées aux chevaliers de la nouvelle table ronde.
« Certes nous vivons en paix mais l’expérience m’a
prouvé que l’on n’était jamais sûr de maîtriser l’adversité. Il faut donc s’y
préparer, respectant l’adage des Romains Si vis pacem para bellum » dit
avec beaucoup de sagesse la Dame qui régissait le château de Beauregard.
Elle rentra au château, fière de voir qu’une jeune fille
suivait en quelque sorte la voie qu’elle avait choisie autrefois puisque, de
toute évidence, c’est elle et non un homme qui siègerait à la place qu’occupait
jadis le Roi Arthur.
Les temps changent se dit-elle et nous vivons une petite
révolution.
De son côté, Hortensia était heureuse de se sentir épauler
par une dame de haut lignage, doyenne et administratrice d’un château dont la
renommée était immense.
Les jours passèrent et enfin le palais apparut dans toute sa
beauté.
C’était un ouvrage étincelant, digne de la tradition hors
norme des chevaliers de la Table Ronde et il s’avéra que chacun y vit la
présence d’un légendaire roi qui s’avérait immortel dans une reconduction de sa
charge, inédite et charmante.
« C’est la revanche de Guenièvre : aujourd’hui on
ne conduit plus les femmes dans un couvent lorsqu’elles ont cessé de plaire »
dit sentencieusement Anna et chacun d’applaudir à l’apparition des temps
nouveaux.
Rien ne se fera sans une grande fête d’intronisation dit
Hortensia, grande initiatrice du projet et j’attends de mes parents qu’ils
autorisent mon frère Arthur pour qu’il nous rejoigne et soit le Lancelot de
notre table. Il aime les arts de la chevalerie et il sera complémentaire dans
notre belle et illustre assemblée.
Chacun applaudit le magnifique et audacieux projet et l’on
attendit la venue de ce beau chevalier qui donnerait à la cour princière ses
lettres de noblesse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire