Le miroir vénitien
Les préparatifs pour l’inauguration solennelle du palais
féerique créé pour abriter la table ronde des jours nouveaux allaient bon
train.
Arthur d’Amboise avait obtenu de ses parents l’autorisation
de rejoindre sa sœur et il s’épanouissait dans cette belle terre de
Brocéliande, fier d’être le premier des chevaliers adoubé par Hortensia,
incontestable reine de la table ronde dont le marbre rose lançait des éclats
lumineux, s’harmonisant avec art et beauté à l’ensemble architectural conçu par
un génie adepte des légendes celtiques.
Sa sphère resplendissait dans la forêt et chacun pouvait
voir dans cette rotonde l’épisode des légendes arthuriennes qu’il préférait.
Un jeune homme venu d’une lointaine lagune parvint un jour à
Tréhorenteuc, chargé de cadeaux somptueux au nombre desquels figurait un
magnifique miroir vénitien.
Célio plia le genou face à Dame Hortensia, demandant
respectueusement à la reine des lieux d’appartenir à sa noble cour.
Charmée, Hortensia y consentit bien volontiers car
pensait-elle, notre mission ne se fera que grâce à l’adhésion de chevaliers
venus de divers horizons.
Le grand jour arriva et les invités affluèrent sur les rives
du miroir aux fées.
Un banquet avait été dressé sur l’herbe et chacun eut à cœur
de se régaler de délicates préparations, à la mode bretonne.
Galettes de sarrasin, crêpes fourrées à la confiture de
roses ou de myrtilles formaient une
rosace au milieu de la table.
Poulets rôtis et volailles à la crème ou en gelée faisaient
le poids pour des gourmets à l’appétit bien aiguisé.
Des terrines de pâtés de lapin aux noisettes, de rillettes
de canards et des confits d’oie agrémentaient ces mets d’origine paysanne de
bon aloi.
De nombreuses pâtisseries, gâteaux bretons fourrés aux pruneaux,
pastillas aux amandes venues d’un lointain orient, crèmes ou gelées de fruits
étaient offerts en abondance sans oublier les noix enrobées dans de la pâte d’amande,
des fruits confits et des pâtes fruitées provenant de l’abbaye de Timadeuc.
Des fromages conçus par les moines confiseurs et fromagers
furent appréciés par les gourmets qui se promirent de rendre visite à l’abbaye,
sans oublier des dons substantiels pour leur permettre de poursuivre leurs
travaux.
Des cocottes de légumes mijotés dans des sauces aux airelles
et aux champignons forestiers ne furent pas boudées car leur saveur était sans
égale.
Bref, le banquet fut à la hauteur de l’événement sans
précédent qui rendait au Miroir aux Fées sa splendeur initiale.
Les libellules participèrent à la liesse générale et chacun
put apprécier l’incroyable beauté du miroir vénitien apporté par le chevalier
Célio qui fut admis d’emblée au nombre des chevaliers de la Table Ronde des
jours nouveaux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire