Un banquet mémorable
Afin de célébrer en y contribuant la renaissance des
chevaliers affaiblis par leur séjour forcé au val-sans-retour, tout fut mis en œuvre
pour que le banquet donné en leur honneur soit mémorable.
Outre le menu élaboré avec soin consistant à mettre en
valeur les produits de l’abbaye de Timadeuc, des jardins du monastère et du
château réunis, on ajouta de multiples préparations destinées à satisfaire les
plus exigeants, pâtés divers, tourtes garnies de viande et de champignons,
filets en croute, volailles diverses cuites en cocotte de terre cuite pour
préserver les saveurs des légumes et des
fruits qui les accompagnaient, ainsi que des desserts venus du fond des âges
dont on n’imaginait pas l’absence un jour de fête, palets de dames, cannelés,
pastillas et croustades et enfin des tartes de ducasse.
Une magnifique pièce montée, faite de choux à la crème et
ornée de violettes en sucre et de dragées serait le clou du spectacle et l’on
veilla jalousement au maintien de son équilibre dans une réserve secrète.
Aubépin mit une touche festive et florale en ornant les
pièces du château de couronnes d’orchidées et des fleurs des champs et il
prépara des toasts gourmands où pensées, roses minuscules et fleurs de mauve et
de bourrache avaient une place éminente et colorée.
Concernant les boissons, on mit à l’honneur les produits
bretons, notamment le cidre, l’hydromel, les sirops de mûres et d’orgeat. On
songea aux dames avec des boissons agréables à base de fleurs et de fruits des
bois.
Laura voulut que soient mis à l’honneur les plaisirs de l’esprit.
On fit venir au château des poètes et des chanteurs.
Elle peaufina un concert inédit autour de la harpe celtique
et des chanteurs bretons gravitèrent autour de cet instrument que l’on
imaginait être le pivot de Merlin l’enchanteur.
Dylan se joignit à elle et ils formèrent le plus charmant
des duos, ce qui gonfla d’amour et de reconnaissance le cœur de Dame Yveline,
si heureuse de voir son fils devenu si remarquable, avec une éducation soignée.
Des danseurs furent également conviés et une personne
troubla énormément le beau Dylan qui faisait chavirer les cœurs de toutes les
dames.
Enveloppée de voiles multicolores et chaussée de ballerines
dorées, la belle Éléonore dansa avec une telle virtuosité que Dylan crut que
son âme s’envolait par-delà les collines et voguait vers des terres inconnues
où serpentaient des ruisseaux d’argent.
La journée se passa comme un rêve et les hôtes du château
allèrent de plaisirs en plaisirs.
La pièce montée produisit un effet féerique et tous
entonnèrent des vivats d’admiration.
Après la danse du voile d’Éléonore, Dylan redoubla d’attention
auprès de celle qui avait charmé tout le monde. Il lui fit préparer un plateau
de mets savoureux dont chaque élément était un cri d’amour.
Il joignit à une pâtisserie sa chevalière et attendit, le cœur
battant, que la belle danseuse lui retourne une réponse par objet interposé.
Mais la belle se contenta d’un sourire et tous deux se
rendirent dans le jardin d’amour pour laisser exploser les prémices d’un amour
fou existentiel, destiné à devenir un solide ancrage dans une crique destinée
aux amants.
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