Le chevalier du Miroir aux Fées
Devenu fréquentable depuis le départ de la fée Morgane, le
Val-sans-Retour était devenu le lieu de rendez-vous des poètes, des amants et
des personnes en quête d’inspiration.
C’est d’un pas alerte et décidé que Céleste, la jolie et
talentueuse brodeuse de Tréhorenteuc se rendit au Miroir aux Fées, emportant
dans un sac son matériel à broder et son album d’aquarelles.
Pressée de bénéficier de la lumière du jour qui était de
qualité, elle sortit son tambour à broder et reprit un ouvrage commencé chez
elle en songeant au prochain qu’elle réaliserait si la chance lui souriait.
Et c’est alors que le miracle se produisit : un ballet
de libellules exécuta des arabesques de manière si artistique que Céleste
voulut pérenniser l’instant .Elle
abandonna sa broderie pour réaliser des esquisses du ballet dans son album. Entrelaçant des L stylisés et
des reproductions des libellules dont elle s’appliqua à soigner l’aspect
translucide de leurs ailes, elle ne vit pas s’approcher d’elle un chevalier qui
se trouvait de l’autre côté du miroir et qui avait été subjugué par sa beauté.
« Vous qui semblez être une fée, permettez-moi de vous
présenter les hommages d’un chevalier, soucieux du bonheur d’autrui. Je suis
Philippe d’Amboise et tout ce que je possède, je vous l’offre si vous acceptez
de m’aimer ».
Surprise et intimidée par cette déclaration, Céleste
remercia le chevalier de ses aimables propos mais elle ajouta, au risque de le
décevoir, qu’elle n’était qu’une villageoise qui travaillait à la commande pour
ses compatriotes et qu’assurément, la vie de châtelaine n’était pas prévue dans
son destin.
Philippe d’Amboise, loin d’être déçu, lui assura qu’elle
deviendrait sa dame avec gloire et honneur si elle y consentait et qu’elle
serait l’indispensable joyau de sa vie si elle lui accordait sa main.
Il ajouta malicieusement que joignant l’utile à l’agréable
il lui passait commande d’une chemise brodée de gala et il lui demanda l’autorisation
de se rendre en son domicile afin qu’elle puisse lui prendre les mesures et qu’il
choisisse un motif susceptible de plaire à sa dame d’amour.
Ils partirent d’un bon pas vers le village.
Céleste offrit des rafraichissements au beau chevalier qui
lui promettait un si bel avenir. De son côté, Philippe d’Amboise put noter que
l’intérieur de la maison de Céleste correspondait en tous points à son image et
il se dit qu’il avait eu la chance de trouver au Miroir aux Fées, la dame qui
illuminerait ses jours.
Lorsque le temps de la bienséance fut passé et qu’il se
trouva doté de la plus belle chemise de marié qui se pût trouver, le chevalier
épousa Céleste dans la petite église de Tréhorenteuc puis il l’emmena dans son
château d’Amboise pour la présenter à sa parenté et à ses amis.
Il fit donner de somptueuses fêtes pour célébrer son mariage
avec faste.
Chacun admira les broderies de la jolie mariée mais à ceux
qui osèrent passer commande, le chevalier rétorqua que, dorénavant, son épouse
ne broderait plus que pour lui, le château d’Amboise et ajouta-t-il avec
tendresse, pour nos enfants qui ne tarderont pas à naître tant mon amour est
immense pour Céleste, la si bien nommée.
L’histoire de la rencontre entre une jeune fille modeste et
talentueuse et un beau chevalier se propagea dans son village natal et s’ajouta
aux légendes qui entouraient le val-sans-retour et le miroir aux Fées.
Plus d’une jeune fille se rendit dans cet endroit magique,
espérant y faire une rencontre extraordinaire mais, comme l’histoire, la
légende ne se renouvelle jamais et chaque jeune fille renonça à courir l’aventure
et revint sagement à la maison, espérant que le destin leur réserverait
peut-être une agréable surprise.
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