Cœurs brisés
Dans la période la plus sombre de notre histoire au cours de
laquelle un virus inconnu fit des ravages, plongeant de nombreux pays dans les
affres des épidémies si bien décrites par les anciens, une interdiction frappa
aveuglément les citoyens avides de plaisirs frivoles ou attachés aux valeurs de
leur état.
C’est ainsi que des amoureux furent séparés et que des
mariages durent être annulés, en raison de contamination possible.
Dans un outre-miroir cher à Lewis Carroll, des amants se
retrouvèrent et s’unirent en se donnant la main, sans masque et sans retenue.
En féerie tout est autorisé, c’est bien connu, et c’est
ainsi que se nouèrent des unions qui ignorèrent les frontières des zones rouges
et des zones vertes, les laissez-passer qui rappelaient les ausweis de l’occupation
et les interdictions de s’approcher l’un de l’autre sauf à respecter des
barrières dites sociales.
Nour et Louis s’unirent dans la mer méditerranée et la jeune
mariée jeta son bouquet de fleurs aux dauphins qui s’en ornèrent pour les
offrir au premier poète qui passerait par-là !
Les mariés se réfugièrent au Ritz et ils vécurent un amour
profond digne de celui qu’imagina Albert Cohen dans Belle du Seigneur !
Cœurs brisés, je vous en conjure, rompez vos chaînes et
renouez avec l’amour !
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