Si Brocéliande m’était conté…
Brocéliande, la forêt sacrée, s’est donnée à Nolwenn et à
Alan Stivell puis elle s’est endormie au son de la harpe celtique.
Comme la Belle au bois dormant, elle a besoin d’être
réveillée par un baiser.
Mais les princes se font rares de nos jours et le retour des
animaux dans les bois profonds n’incite pas les audacieux à défricher les
broussailles épineuses où se cachent des oiseaux rares et des bêtes venimeuses.
« Morgane est de retour » disent des villageois
en se signant et la fée Viviane joue un peu trop les grandes dames si l’on en
croit la conteuse de Tréhorenteuc, vénérable douairière dont la renommée et la
sagesse sont reconnues.
J’ai envie d’en avoir le cœur net et j’ai décidé d’emprunter
la voie des airs, à la manière du petit prince, avec l’aide des oies sauvages.
Ces aimables volatiles m’ont déposée près du Miroir aux
Fées, mon étang préféré et j’ai suivi avec bonheur le ballet des tourterelles
des bois.
Installée près du petit pont de bois, je laisse le vent
jouer dans mes cheveux et je crois sentir la caresse poétique du roi des aulnes
qui règne sur le Val-sans-Retour depuis que l’enchanteur Merlin a été enfermé
dans un tombeau de verre par celle à qui il avait enseigné son savoir et ses
tours de magie.
Le roi des aulnes s’approche de moi à petits pas mais je
préfère m’échapper, craignant d’être ensorcelée à mon tour.
Je me recueille dans l’église mythique du village et j’observe
le jeu du soleil couchant sur les vitraux illuminés par le cerf blanc portant
la croix du Christ sur son poitrail immaculé.
Cette retraite mystique achevée, je pars d’un pas alerte
vers une hôtellerie que j’apprécie près de l’étang de Paimpont.
Dans ma chambre, je sors le petit carnet qui ne me quitte
jamais et je note les impressions ressenties dans la journée.
Ces notes deviennent l’ébauche d’un roman que j’intitulerai
Si Brocéliande m’était conté et je prie l’enchanteur Merlin enfermé comme moi
dans un palais de cristal de venir à mon aide pour que les mots s’enchaînent et
deviennent une rivière d’argent dont je suivrai les méandres pas à pas, sur la
route du rêve !
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