Ode au livre
Quelle ne fut pas ma surprise en réalisant que le livre ne
faisait pas partie de la liste des produits essentiels, en cette période
étrange où un virus nous impose des restrictions !
C’est pourtant le meilleur compagnon qui existe sur terre et
qui n’impose aucun tracas, si ce n’est le souci de l’écrire pour l’écrivain et
le travail de l’imprimeur pour sa réalisation.
Balzac s’était essayé à l’art de l’imprimerie, pensant que c’était
un métier moins difficile que celui d’écrivain mais après un cuisant échec, il
se servit de son expérience pour écrire l’un de ses chefs d’œuvre, Les
Illusions Perdues.
Dans cet ouvrage, un père avaricieux vend à son fils son imprimerie
vieillotte à un prix prohibitif et lui assène à la fin de son bilan comptable
revu à la hausse : « Je te lègue un trésor, Nanon, elle ne sait pas
lire » !
Ce livre admirable est une véritable bible pour l’écrivain :
le héros, Lucien de Rubempré fait le tour des éditeurs parisiens pour placer
son recueil de poésie, en vain !
Un roman historique à la manière de Walter Scott est retoqué
et pour consentir à l’éditer, les producteurs lui demandent de supprimer les
passages édifiants et culturels et d’ajouter, à leur place, des dialogues vifs
et populaires.
Le pauvre poète finira par vendre sa plume au plus offrant
dans les journaux à la mode, reniant tous ses principes moraux et se
contredisant parfois sous un faux nom !
Sa descente aux enfers sera totale et on se souvient de lui
comme le prototype de l’anti-héros romantique.
Rien n’a changé depuis l’époque de Balzac et il faut avoir
foi en ses écrits pour poursuivre sa route, sa plume à la main !
Qui a eu l’idée de placer le livre hors du champ des
éléments nécessaires à la vie ?
Je ne félicite pas ce censeur des temps modernes et j’imagine
mal ce que serait la vie sans les livres-témoins de notre art d’aimer !
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