La reine Saphir
Dans un royaume azuréen, d’un bleu éclatant tant au niveau
de l’océan qu’à celui des constructions d’un blanc de nacre peint de motifs
turquoise, naquit une petite princesse que l’on prénomma Saphir car ses yeux
semblaient avoir été sertis de cette pierre précieuse.
Saphir grandit en intelligence et en beauté et lorsqu’elle
devint adolescente, il se passa malheureusement, dans son royaume, des
événements dramatiques qui la propulsèrent à la tête de l’état.
Des guerres survinrent, assortis de massacres. Le roi, son
père, mourut au combat et la reine le suivit dans la tombe, succombant à un
noir chagrin.
C’est ainsi que Saphir devint reine et qu’elle gouverna le
royaume d’une main ferme.
Elle revêtit une cuirasse, mania l’épée avec dextérité,
monta à cheval avec fougue et c’est sous son commandement qu’en poussant des
hurrahs énergiques et virils, les soldats terrassèrent l’ennemi, repoussant les
survivants aux extrémités de leurs frontières et incendiant quelques maisons
pour laisser un témoignage de leur détermination.
Saphir ordonna que l’on sauve les femmes, les vieillards et
les enfants et de retour dans son royaume, elle fit construire un village pour
les accueillir en se promettant de veiller à ce qu’il ne devienne pas un foyer
séditieux.
Des femmes se marièrent et eurent des enfants, ce qui les
incita à oublier les épisodes douloureux de la guerre et chacun aspira à la
paix et à ses délices.
La reine Saphir restait vigilante, exploitant le vieil adage :
« qui veut la paix prépare la guerre ».
Des tournois furent organisés et le métier des armes trouva
ses lettres de noblesse.
Elle ne négligeait pas le versant culturel et de nombreux
enfants furent élevés dans l’amour de la lecture, de la littérature, des débats
reposant sur la rhétorique, sans oublier l’écrit : on pratiqua la
calligraphie et l’on incita les élèves à prendre la plume pour se lancer dans
des compositions personnelles.
Roman, expression poétique, satire, essais, tous ces genres
furent abordés et l’on accorda une importance particulière au théâtre qui
devint une source d’inspiration et de réflexion.
Des pièces naquirent sous la plume d’un jeune homme inspiré
et la reine Saphir le décora de l’ordre Turquoise du royaume pour faire de lui
un exemple.
Devenu comte, Almeda fut logé dans une aile du palais et il ne
manquait pas de donner lecture à la reine de ses scènes dramatiques ou
romanesques selon son inspiration.
Les soirées devinrent scintillantes du fait de ces lectures
qui rafraîchissaient l’âme et les personnalités essentielles, écrivain et
personnage royal, montèrent une troupe digne du grand Molière.
Les sciences ne furent pas négligées et sous la conduite d’un
célèbre mathématicien, Calixte, dont les tenues excentriques faisaient parfois
jaser, on ouvrit un salon de mathématique appliquée et ce fut à qui créerait un
robot magique ou une ébauche de voiture futuriste.
Bref, on était heureux sous le règne de la reine Saphir et
pour ne pas revivre les épisodes du passé, des troupes examinaient avec soin
les moindres mouvements étranges qui se produiraient dans tous les points
stratégiques du royaume.
C’est dans ce contexte paisible que la reine Saphir décida
de ne pas se marier à la hâte et pour ne pas laisser le royaume à la merci de
séditions dans le cas où elle disparaîtrait prématurément, elle adopta un
enfant né dans le village qu’elle avait fait construire et l’éleva selon les
principes princiers.
Calixte et Almeda
devinrent ses précepteurs et l’enfant, prénommé Louis pour la circonstance,
grandit en sagesse et discernement et l’on se réjouit de la précaution prise
par la reine à qui l’on souhaita longue vie dans le plus beau des royaumes,
redevenu azuréen et baigné par une mer aux eaux turquoise où les dauphins
venaient se baigner en poussant des cris de bonheur !
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