Il neige sur mon cœur comme
autant de cristaux sur les lacs gelés de l’enfance.
La fée des glaces
patine et décrit des arabesques aux couleurs du passé : rouges comme les
briques de notre pays, bleu roi comme les vitraux de l’église, jaune poussin
comme les tricots de nos mères et roses comme nos joues après tant d’échappées,
des grands blés aux champs de lin, bleus comme les yeux de nos grand-mères,
fanées à force d’avoir travaillé, lu et aimé.
Moi, je me regarde
dans les yeux de ma grand-mère et j’y vois une princesse ou la maison de pain d’épice
de Dame Tartine dont elle me chantait les couplets. Elle aimait aussi l’histoire
d’une source et c’est pourquoi je l’ai insérée dans mes contes, lui attribuant
une divinité que personne n’a imaginée. C’est l’âme de ma grand-mère qui court
sur les cailloux, les transformant en or et pierreries comme dans les contes.
La fée des glaces
pulvérise l’âme de grand-mère, chasse son reflet et m’entraîne vers Demain aux
couleurs immaculées de l’enfance et du rêve.
Il neige sur mon cœur et
je fais semblant d’avoir oublié grand-mère et les appels incessants de ma mère qui
m’incite à manger, grandir et oublier l’enfance créative dans son beau manteau
blanc.
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